Depuis 12 mois, nos anges gardiens de la région maskoutaine mènent sans répit la bataille contre l’ennemi invisible qu’est la maladie à coronavirus. Si le moral des troupes continue d’être bon, le Dr Robert Patenaude note qu’une onde d’anxiété face à la COVID-19 et au délai avant l’obtention du rappel du vaccin commence à se répandre entre les murs de l’Hôpital Honoré-Mercier.
« Nous sommes en ce moment dans un creux de vague et ça fait du bien. Le nombre de nouveaux cas est à la baisse. Par contre, si la 3e vague survient et que nous ne sommes pas vaccinés, je ne suis pas certain que le réseau va résister. Nous sommes un peu dans le brouillard en ce moment. Nous ne savons pas si nous avons l’immunité ou non. Ça pourrait vraiment être le coup de grâce », prévient l’urgentologue.
Selon lui, une telle situation pourrait entraîner des démissions à la chaîne, un enjeu qui a réussi à être évité jusqu’à maintenant. « À ce jour, tout demeure sous contrôle, mais ça demeure fragile. Les membres du personnel qui ont eu la COVID-19 sont tous revenus au travail en l’espace de deux à trois semaines en moyenne. Il faut aussi souligner le travail de l’administration [du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est], qui a réussi à relocaliser rapidement le personnel qui présentait des problèmes immunitaires. »
La semaine dernière, le gouvernement du Québec a confirmé le report du délai maximal pour recevoir la seconde dose de vaccination. Celui-ci passera de trois à quatre mois, ce qui permettra d’inoculer davantage de citoyens.
L’état de santé mental de ses collègues surmenés depuis un an préoccupe également Dr Patenaude. « Les gens travaillent énormément, parfois 16 heures d’affilée, ce qui peut affecter notre propension à être patient avec les autres. Aussi, il ne faudrait pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, près de 8000 travailleurs de la santé étaient en arrêt de travail. Est-ce que c’est la vaccination qui va prévenir la fatigue, la dépression ou le burn-out? Sans doute pas », souligne-t-il.
Il rappelle que, si on enregistre actuellement une diminution du nombre de cas de COVID-19, la pression sur le personnel médical ne diminue pas pour autant. Un rattrapage important en matière de chirurgies reportées doit être entamé.
« Dès que nous avons un répit, nous retournons le personnel en salle d’opération ou dans les autres départements spécialisés. En fin de compte, le répit pour le personnel n’existe pas vraiment puisqu’il s’agit d’un répit au niveau de la COVID-19, mais pas au niveau des tâches », soutient Robert Patenaude.