23 juin 2011 - 00:00
L’arche de la discorde
Par: Martin Bourassa
Après la Maison Dessaulles et le couvent de la Métairie, le conseil de ville de Saint-Hyacinthe a été une fois de plus confronté et divisé sur le sort à réserver à un symbole de son patrimoine : la porte d'arche monumentale du terrain de l'Exposition agricole, librement inspirée de la porte des Anciens maires.

Après la Maison Dessaulles et le couvent de la Métairie, le conseil de ville de Saint-Hyacinthe a été une fois de plus confronté et divisé sur le sort à réserver à un symbole de son patrimoine : la porte d’arche monumentale du terrain de l’Exposition agricole, librement inspirée de la porte des Anciens maires.

À trois mois de la fin des travaux, on vient de réaliser, en tout cas d’aviser les conseillers, que cette porte jure dans le décor contemporain du nouveau centre aquatique et nuirait à l’aménagement d’un débarcadère fonctionnel. On leur a donc demandé de décider de son sort à la hâte, en leur précisant que son démantèlement coûterait entre 50 000 et 100 000 $ et qu’on ne saurait pas où la déménager.La solution la plus économique était de tout raser et d’expédier les débris à l’écocentre. C’est l’option retenue par une majorité de conseillers qui ont débattu de la question de la porte monumentale derrière les portes closes d’une réunion plénière. Au lendemain de la conférence de presse annonçant le déficit estimé du projet de construction du complexe aquatique et le sort réservé à la fameuse porte, on avait déjà fait disparaître les deux drapeaux surplombant les mâts. La démolition a suivi hier matin, question d’éviter sans doute que la controverse gonfle avec cette édition du COURRIER. Pourquoi pareil empressement? Il faut y voir la volonté de tuer dans l’oeuf une xième controverse patrimoniale, d’autant plus que cette démolition survient au moment où Saint-Hyacinthe essaie de faire croire qu’elle se soucie du patrimoine en lançant quatre circuits historiques à travers la Ville. Oups!Plusieurs éléments agacent dans ce dossier. D’abord le fait que la décision ait été prise à la toute fin du processus de construction et débattue en catimini en séance plénière. Encore le secret. Encore et toujours le sentiment d’urgence.On ne sait pas quel conseiller est en faveur et qui est contre la démolition, ni les arguments avancés de part et d’autre. Dans le camp des contre, on peut placer avec certitude les conseillers David Bousquet et Donald Côté. Mais les autres?Ensuite, il semblerait que le conseil ait pris cette décision sans avoir en mains des éléments fondamentaux, comme l’année de construction et l’origine de l’Arche de l’Expo. Cela ne fait pas très sérieux. La conseillère Brigitte Sansoucy s’est d’ailleurs plainte, lundi dernier en séance publique, du peu de repères donnés aux élus quand ils sont appelés à se prononcer sur des dossiers touchant au patrimoine.Voilà une lacune qui saute aux yeux depuis plusieurs mois et qu’il faudra corriger.Il est grand temps que la Ville se positionne par rapport à son histoire et au patrimoine qu’elle entend protéger et mettre en valeur, sachant que des choix s’imposent et qu’on ne pourra pas tout sauver, faute de moyens. Mais quand on sait qu’il aura fallu attendre quatre ans (!) avant que la Ville accouche de quatre circuits et de panneaux historiques, on se dit aussi qu’on ne doit pas attendre de miracles de sa part.C’est ce qui irrite de plus en plus les ardents défenseurs du patrimoine maskoutain. Cette improvisation manifeste et ce double discours des élus.

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