Un ciel bas et lourd pesant comme un couvercle s’est abattu sur le monde culturel. Fondu au noir pour les zones rouges. Les funambules des mots, divas du drama et partisans du pathos peinent à exprimer leur tragédie pendant que le coryphée annonce : l’art vivant est mort!
En fait, non. L’art vivant est pas mort pantoute. Mais pour les artistes, les nouvelles sont moins bonnes. Il faut comprendre la colère d’un milieu qui a poussé les hauts cris quand on lui a ordonné de se taire. Avec raison. Et incompréhension. Un secteur qui avait tout fait pour se « réinventer » avec des salles de spectacles plus aseptisées que les aisselles d’un mannequin Chanel. Un milieu consterné d’apprendre qu’aller à la bibliothèque est plus risqué que magasiner chez Renaud-Bray. Ou que visiter un musée soit plus dangereux pour la santé qu’acheter son poids en papier-cul chez Costco.
Et les lieux de culte? La semaine passée, ils exigeaient pourtant d’être considérés « comme des lieux de spectacles » pour continuer à recevoir des fidèles. Aujourd’hui, les théâtres sont fermés, mais les églises ouvertes. Un vrai miracle! Les artistes n’ont plus qu’à faire leurs prières.
Surtout, le milieu culturel sait très bien que lorsqu’on lui dit « l’aide viendra », c’est l’équivalent de « le chèque est dans ‘malle » ou « oui, oui, on va te rappeler ».
Mais non, l’art est pas mort. L’Art est vivace. Il refleurira au printemps. Sauf que d’habitude, quand ça va pas bien, les artistes retournent travailler dans un bar ou un restaurant.
Depuis jeudi matin, c’est pas mal moins évident. C’est pas pour l’art vivant que je m’inquiète, c’est pour les vivants.