25 janvier 2024 - 03:00
L’authenticité, le mantra d’Adib Alkhalidey
Par: Maxime Prévost Durand
L’humoriste Adib Alkhalidey présentera son spectacle Des putes et des voleurs ce soir au Centre des arts Juliette-Lassonde. Photo André́Rainvile @villedepluie

L’humoriste Adib Alkhalidey présentera son spectacle Des putes et des voleurs ce soir au Centre des arts Juliette-Lassonde. Photo André́Rainvile @villedepluie

Avec Québécois Tabarnak, Adib Alkhalidey a marqué un tournant dans sa carrière humoristique. Plus authentique que jamais, il se racontait d’une manière qu’il ne l’avait pas fait auparavant. Des putes et des voleurs, son nouveau spectacle encore tout chaud qu’il présentera ce soir au Centre des arts Juliette-Lassonde, cimente cette identité scénique.

À travers l’humour, Adib Alkhalidey invite à la réflexion. Si Québécois Tabarnak était le reflet d’où il était rendu, Des putes et des voleurs raconte un peu plus d’où il vient : du peuple.

« Il y a une partie de moi qui refuse de ne plus m’identifier à d’où je viens, même si je suis ailleurs dans ma vie maintenant », souligne celui qui a grandi dans les quartiers plus pauvres de Montréal avec ses parents originaires de l’Irak et du Maroc.

« Il y a tellement de choses qui ont changé, mais je suis à un âge où je veux parler au nom du jeune Adib, poursuit-il dans une entrevue téléphonique accordée au COURRIER. […] Ce n’est pas un spectacle politique, mais c’est un spectacle qui, je l’espère, invite les gens à réfléchir sur leur position de citoyen. »

Le titre du spectacle est fort et ne laisse certainement pas indifférent. Il donne d’ailleurs le ton : ce spectacle ne s’adresse pas à tous. Et c’était voulu.

« Je préfère que quelqu’un, avec son sens de la déduction, puisse dire “c’est pour moi” ou “ce n’est pas pour moi”. Je n’ai pas l’intention de faire quelque chose qui est pour tout le monde et grand public. J’ai l’intention de faire quelque chose pour un spectateur qui est à la recherche d’un artiste authentique. Mon public cible, ce sont les gens qui recherchent l’authenticité parce que je recherche ma propre authenticité dans mon travail… et c’est beaucoup plus difficile que ça en a l’air », lance l’humoriste en riant.

« C’est facile de tomber dans le fait de vouloir plaire, c’est même la plus grosse tentation », ajoute-t-il.

Adib parle avec l’expérience. Après tout, il fait ce métier depuis plus de 17 ans, rappelle-t-il.

L’humoriste se souvient d’ailleurs avoir changé son approche à la scène et à l’écriture en travaillant sur un spectacle d’une trentaine de minutes qu’il a créé pour Netflix en 2018. Avec Québécois Tabarnak, il avait poussé encore plus loin dans cette direction et sa connexion avec son public avait été encore plus forte que pour ses spectacles précédents. Des putes et des voleurs poursuit dans la même veine.

Qu’a-t-il tant changé dans sa méthode d’écriture? « L’intention, répond-il. C’est de ne pas monter sur scène en se disant que les gens vont rire. C’est de monter sur scène en se disant qu’il n’y a rien de plus beau qu’une foule de gens, y compris moi, qui traverse des émotions. Il y a quelque chose de fort qui se passe quand tu ris fort, mais que tu vis aussi des émotions autres que le rire. C’est vraiment magique et ça réunit le monde. Ça donne un sens à ce métier. Ce n’est pas juste de toucher les gens et qu’ils se mettent à pleurer. Il y a une montagne russe émotionnelle parce qu’il y a une intention de raconter une histoire et il y a une intention de voyager à travers ce spectacle-là et les gens le reçoivent totalement. »

« Comparé avec le Adib qui voulait que tout soit drôle, ce n’est plus la même intention, ajoute-t-il. Le côté drôle est maîtrisé maintenant. [Ce que je veux mettre de l’avant], c’est le côté raconteur et la volonté de rendre les gens heureux, à ma manière. »

Pas question non plus de se lancer dans une tournée qui ne finit plus, comme on le voit souvent en humour. Seulement une trentaine de représentations du spectacle Des putes et des voleurs sont prévues à l’agenda.

« Ça fait 17 ans que je fais ce métier et je me suis rendu compte que ce qui me rend vraiment heureux, c’est de créer des spectacles plus que de les rouler 150 fois. Je suis très heureux de faire le spectacle une trentaine de fois, de tirer la plogue ensuite et de passer à autre chose. Ça fait en sorte que dès le premier show, à Gatineau, vendredi dernier, j’avais une petite boule d’émotion en me disant qu’il en reste juste une trentaine. [Et pour les spectateurs], je viens juste une fois dans votre ville et vous allez être les seuls à avoir vu ce spectacle-là, donc je trouve que ça ajoute un petit côté unique au spectacle. »

Quelques billets sont encore disponibles pour le passage d’Adib Alkhalidey à Saint-Hyacinthe ce soir. Le spectacle aura lieu à 20 h dans la salle Desjardins du Centre des arts Juliette-Lassonde.

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