Un feu de circulation se trouve à cette intersection, mais il a été désactivé afin d’améliorer la fluidité. Comme si la fluidité des uns devait primer sur la sécurité des autres.
Pour l’un, c’est une erreur d’inattention, pour l’autre, elle est fatale.
Tendance lourde
Pis encore, ce problème n’est pas un cas isolé, c’est une tendance lourde. À titre d’exemple, il y a une hausse de 46 % des piétons tués aux États-Unis dans les neuf dernières années. Environ 50 % de décès des piétons sont des personnes de 65 ans et plus. Près du double de leur importance démographique.
Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec, souligne que la tendance au Québec est la même.
L’augmentation draconienne des VUS sur nos routes n’est pas sans effet; une collision avec un VUS augmente de 3,4 fois les risques de décès. Une berline blesse, mais un VUS tue.
Vous voulez un exemple? Cette semaine, encore, une fillette de deux ans est décédée dans la région de Montréal. Elle s’est fait frapper par un VUS. « Mon enfant! Mon enfant! Mon enfant! », criait la mère. La pancarte « Attention à nos enfants, ce pourrait être le vôtre » prend tout son sens; ça pourrait être le vôtre.
Des pistes de solution
Pourtant, nous pouvons façonner nos villes plus sécuritairement afin de réduire les risques de collision.
Voyez-vous, les options 2 et 3 réduisent les risques de collision en diminuant le risque à sa source : la voiture.
Effectivement, comme le démontre le REV, davantage de voies protégées implique davantage de cyclistes et, donc, moins d’automobilistes. La proportion cycliste sur les voies du REV est multipliée par sept à certains endroits, et ce, en deux années seulement!
Malheureusement, lorsque nous parlons de méthodes de transport alternatives, plus sécuritaires et sobres en carbone, nous nous faisons immédiatement targuer d’être montréalo-centriste. Or, c’est faux.
J’ai personnellement effectué du vélo lors de mes étés à Saint-Hyacinthe pour aller au travail, malgré le risque plus prononcé à certains endroits.
En fait, les bienfaits du vélo-boulot sont si grands qu’en l’espace d’une quinzaine d’années, ceux qui vont à vélo au travail diminuent leurs risques de décès de 40 %, versus le groupe traitement.
Des voies protégées en hiver
Ah oui, le sacro-santo hiver. Encore ici, il existe des solutions. La première est d’implanter des voies protégées des routes – dans un champ ou en forêt par exemple, choses que la région possède en abondance. C’est exactement ce que les villes de l’ampleur de Saint-Hyacinthe font en Finlande, là où les enfants vont à l’école à vélo toute l’année et en sécurité, malgré la neige. Ils utilisent la même technologique que pour des pistes de ski de fond, mais pour les vélos.
La deuxième solution est de financer les vélos électriques qui possèdent de plus grosses roues et donc qui sont plus sécuritaires l’hiver. C’est exactement ce que fait l’Île-du-Prince-Édouard en offrant un rabais de 500 $ à leurs acheteurs.
Les solutions existent et des vies sont perdues. Le temps est venu de remettre en question le règne absolu de la voiture et de placer la sécurité et l’environnement au premier plan.