Il faut dire que M. Barré s’est construit une réputation qui ne se dément pas. Nous n’avons qu’à penser à ses multiples prises de parole en 2022, au sujet du retrait de la bretelle d’accès sous le pont Barsalou. Farouchement opposé à ce projet de réaménagement, il n’avait pas manqué d’égratigner ses collègues au passage, en pleine séance publique. Cela lui avait d’ailleurs valu une apparition à l’émission Infoman, au cours d’un segment municipal qui aborde les bévues et accrocs des élus locaux du Québec.
À la séance publique du 20 janvier, un citoyen de Saint-Hyacinthe et entrepreneur général en construction s’est prévalu de son droit de parole lors de la période de questions. S’en est suivi un échange courtois et sans encombre avec le maire.
C’était jusqu’à ce que le représentant du district La Providence intervienne. Bernard Barré a vivement apostrophé le citoyen. Alors qu’il élevait la voix, coupait la parole de son interlocuteur et pointait vigoureusement de l’index son vis-à-vis, l’élu s’est permis de reprendre les propos du citoyen sur un ton moqueur et condescendant.
Et d’ajouter : « Vous êtes tout seul. Vous devez vous sentir tout seul des fois! Eh bien là, vous l’êtes. » « Il n’y a personne ici autour de la table qui va faire quelque chose pour vous », s’est-il exclamé, avec la dégaine qu’on lui connaît, dans une diatribe qui prenait des allures de règlement de comptes.
Cette attitude perpétue une aversion du public envers nos institutions. Plus grave encore, ce comportement peut décourager les Maskoutains et Maskoutaines de profiter de cette vitrine qui leur est consacrée.
Le rythme effréné du quotidien nous rattrape souvent bien vite. Ainsi, les citoyens qui prennent le temps de se déplacer à l’hôtel de ville pour participer à cet exercice pleinement démocratique méritent tout notre respect.
Dans ces circonstances, il est évident que M. Barré n’a pas respecté le Code d’éthique et de déontologie des élus de la Ville de Saint-Hyacinthe, qui assure « le respect et la civilité envers […] les citoyens », comme inscrit à l’article 4 du Règlement numéro 651. En conséquence, une plainte a été déposée auprès de la Commission municipale du Québec. Ultimement, des excuses publiques sont attendues.
Ce ne sont pourtant pas les exemples de civilité et de bonnes conduites qui manquent au sein du conseil municipal actuel. Comme quoi, après 36 années au même poste, on peut toujours apprendre de ses pairs, et viser plus haut.
Jordan Bernard, Saint-Hyacinthe