Le budget connaîtra une hausse de 8,82 % comparativement au budget 2023 (132,6 M$). Pour une première fois, le budget a été réfléchi en fonction des dépenses réelles de l’année en cours au lieu d’utiliser seulement les données prévisionnelles du budget précédent.
Pour le conseiller du quartier La Providence, la hausse continuelle du budget d’année en année est problématique. « La situation économique est terrible pour nos citoyens. Quand on arrive avec le compte de taxes, on brise des rêves. Il y a des gens qui seront obligés de mettre des pancartes devant leur maison. […] Ma définition d’un bon conseil, c’est quand ça va mal, on trouve des solutions. J’ai demandé de trouver des solutions auprès du conseil, mais ça a été silence radio », dénonce Bernard Barré.
Selon ce dernier, l’une des aberrations du budget est l’accroissement de la masse salariale, qui représente 20 % du budget total. Les dépenses liées à la rémunération atteindront 29,93 M$ en 2024, représentant une hausse de 13,2 %. Cela englobe, entre autres, le rattrapage salarial accordé aux cadres (1 M$) et aux pompiers (708 785 $), l’indexation annuelle et l’embauche de huit nouveaux employés qui auront un impact sur le budget.
« Quand on a un problème à la Ville de Saint-Hyacinthe, c’est simple, on crée un poste. Dans la dernière année, j’ai été fatigant. J’ai voté contre un paquet de nouveaux postes parce que je ne crois pas que c’est la façon de faire pour donner un compte de taxes raisonnable à nos citoyens », poursuit M. Barré.
De son côté, le conseiller du quartier Sacré-Cœur a répété les mêmes arguments pour lesquels il avait voté contre le budget l’année dernière. Il s’oppose à l’utilisation de la taxe foncière pour financer le fonds vert, à l’imposition d’un taux différencié pour les immeubles de plus de six logements et à l’ampleur de la hausse du compte de taxes. Il ajoute également que le conseil aurait dû proposer des hausses graduelles au cours des prochaines années, notamment pour les propriétaires de piscine et de chauffage au mazout.
« C’est important pour les gouvernements de ne pas créer un choc tarifaire auprès des citoyens. Un choc tarifaire, c’est souvent ce qui met les citoyens au pied du mur. Il n’y a rien de pire que d’arriver à la période des fêtes en calculant comment on va arriver à boucler le budget l’année prochaine. On devrait lisser les dépenses dans le temps. C’est la solution, à mon avis. Quand les citoyens doivent absorber une hausse d’inflation, ils ne se disent pas comment ils vont augmenter leurs revenus l’année prochaine. Le premier réflexe, c’est de mieux contrôler leurs dépenses et de changer leurs comportements », soutient David Bousquet.
La taxation représente 73,93 % des revenus de la Ville. Le taux de taxe foncière sera majoré de 6,34 % pour atteindre 0,7697 $ par 100 $ d’évaluation. À l’exception de la taxe spéciale pour le fonds vert, toutes les autres taxes seront augmentées, soit de 5 $ pour l’eau potable, de 12 $ pour l’assainissement, de 5 $ pour les matières résiduelles et de 35 $ pour les piscines. Les propriétaires possédant un système de chauffage au mazout verront une nouvelle taxe de 100 $ s’ajouter à leur compte de taxes.
Pour une maison moyenne de 290 549 $ sans piscine, le total représente une hausse de 5,76 %, soit une augmentation de 154 $ en 2024. Les immeubles de six logements et plus connaîtront une hausse de leur taux de 6,27 %, auquel s’ajouteront les autres taxations.
Les propriétaires d’immeubles commerciaux recevront des comptes de taxes majorés de 6,11 % pour les bâtiments de moins de 300 000 $ et de 6,62 % pour les bâtiments de plus de 300 000 $. Ce sont les immeubles industriels qui connaîtront les plus grandes hausses, soit de 9,48 % pour les bâtiments de moins de 600 000 $ et de 9,29 % pour les bâtiments de plus de 600 000 $.
L’ajustement des différents taux de la taxe foncière permettra de générer des revenus supplémentaires de 5,2 M$.
L’inflation se situait à 4,6 % pour la période d’octobre 2021 à 2022. Plusieurs éléments ont contribué à la hausse du budget comme l’augmentation des coûts des intérêts sur la dette à long terme, les frais plus élevés de la Sûreté du Québec, l’augmentation des honoraires professionnels pour la filière de biométhanisation et le soutien financier à Bibliothèques Saint-Hyacinthe.
Une dette de 80 M$
Selon les prévisions, la dette de Saint- Hyacinthe pourrait atteindre 80 M$ au 31 décembre 2023. Les détails seront connus au moment de conclure les états financiers au printemps prochain. De 2023 à 2024, la dette aurait donc augmenté de 37,57 %. La construction de la nouvelle bibliothèque, les dernières factures de l’étagement ferroviaire de boulevard Casavant et les travaux sur l’avenue Saint-Louis ont influencé la dette au cours de la dernière année.
Le service de la dette représente une dépense de 10,55 M$ en 2024, ce qui entraîne une hausse de 20,4 % comparativement à l’année dernière.
Au cours de la prochaine année, trois projets seront financés à long terme, soit l’aménagement du parc Aurel-Letendre, les travaux de pavage, bordures et trottoirs, ainsi que le prolongement du réseau cyclable. En 2025, les prêts toucheront la séparation des égouts sur Marguerite-Bourgeoys, l’acquisition des terres de la Métairie et les travaux aux stations de pompage Pratte et Casavant. On estime donc que la dette pourrait atteindre 91 M$ au cours de 2025. Rappelons que le plafond symbolique de la dette a été fixé à 95 M$.
En cinq ans, la dette est passée de 21,2 M$ en 2017 à 80 M$ en 2023. Les principaux projets qui ont eu un impact sur la dette sont la construction du Centre de congrès, de la bibliothèque T.-A.-St-Germain et de l’étagement ferroviaire sur le boulevard Casavant.