Sr Réjeanne Deslandes, directrice de cet organisme de bienfaisance de 1976 à 2000, s’est éteinte à Saint-Hyacinthe le 1er décembre à l’âge de 91 ans, après 64 ans de vie religieuse passée parmi les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe.
La ville de Saint-Hyacinthe perd du même coup celle qui aura contribué plus que tout autre à l’organisation de bénévolat et au déploiement d’un réseau de services d’entraide structuré sur son territoire et tel qu’on le connaît encore aujourd’hui.
Originaire de Saint-Pie, née au sein d’une famille de six enfants qui perdent très tôt leurs deux parents, Réjeanne Deslandes a grandi à Saint-Hyacinthe dans la famille déjà fort nombreuse de son oncle Arsène.
C’est avec l’idée de consacrer sa vie à Dieu et dans l’espoir de devenir enseignante qu’elle a rejoint la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph. C’est cependant au détour d’une retraite de ressourcement et d’un séjour de bénévolat au Camp Richelieu à Saint-Damase, en quête de la place du Christ dans sa vie, qu’elle trouvera un sens profond à sa vocation.
Elle souhaite être dans l’action, en étant la sœur de tout le monde. En 1974, elle est appelée à seconder pendant deux ans, puis à prendre la relève de Sr Marie- Thérèse Bilodeau, directrice du Centre de bénévolat de Saint-Hyacinthe.
À la demande de l’évêque de Saint- Hyacinthe, Mgr Albert Sanschagrin, l’organisme avait été fondé en août 1968, sous l’impulsion des Sœurs de Saint-Joseph, de la Fédération des services communautaires et d’un groupe de citoyens. Il s’agissait alors du cinquième centre de bénévolat du genre à voir le jour au Québec.
Il y avait tant à faire à cet endroit pour Sr Deslandes qui y trouva une maison et sa véritable mission : aider les gens dans le besoin de sa communauté.
Sr Deslandes se refusera toujours de définir en tant que pauvres les gens qui frapperont à la porte du Centre de bénévolat. « Ici, confiera-t-elle en entrevue au COURRIER en décembre 1995, nous sommes soucieux du respect de la personne, de la dignité de la personne. Il n’y a pas d’étiquette chez nous. Le mot “pauvre” me blesse, il réduit la personne à sa souffrance, alors qu’elle est pleine de forces. Nous essayons d’aider lentement la personne à découvrir sa propre humanité. Le Centre, c’est une sorte de corridor des forces qui met ensemble des groupes. »
C’est sous sa gouverne, entre autres, que des services comme la Popotte roulante, l’Accueil fraternel, l’Opération Dignité Partage, le comptoir vestimentaire et la Maison Benoit-Benoit prendront leur envol. Interrogée à une autre occasion par le journal, celle reconnue pour sa foi audacieuse avait parlé des bienfaits à retirer du bénévolat. « Il y a quelque chose de merveilleux dans l’action de donner de soi aux autres. Il faut savoir composer avec la misère, être positif et dépasser ces misères-là. »
Sylvie Bouchard, engagée à titre de coordonnatrice en 1996, a eu la chance de côtoyer Sr Deslandes pendant quelques années avant de lui succéder à la direction générale.
Elle garde un souvenir impérissable de celle qu’elle considère comme une grande sœur et une mentore et avec qui elle avait développé une grande complicité. « Elle m’a tout appris et initiée à la philanthropie. C’était une femme de tête, une combattante qui n’avait pas peur de cogner aux portes pour obtenir du soutien et arriver à ses fins. Plus que toute autre qualité, elle voyait toujours le potentiel dans l’humain, que ce soit chez ses collaborateurs ou les gens qu’il fallait aider. Elle était féministe à sa manière et elle a défriché le terrain pour les laïcs et n’avait pas peur de leur faire de la place. Elle avait profondément en elle le besoin d’aimer son prochain. »
Sr Réjeanne Deslandes sera exposée le samedi 9 décembre de 12 h à 14 h à la résidence Les Jardins d’Aurélie de Saint-Hyacinthe. Des hommages auront lieu à 13 h 15 et les funérailles seront célébrées le jour même à 14 h à la chapelle de la résidence.