« Cette décision nous force à revoir nos priorités et à limiter des services pourtant essentiels », déplore Vincent Lepage, directeur du Centre de la Famille St-Pie.
Le Centre de la Famille, qui compte deux employés permanents, une vingtaine de travailleurs à temps partiel et quelques bénévoles, dessert l’ensemble de la MRC.
Il pallie notamment le manque de places en garderie, soutient les proches aidants, accompagne les familles immigrantes dans leur intégration et offre des activités de prévention auprès des jeunes.
Avec ses 169 familles membres en 2024-2025, une hausse de 19 % par rapport à l’an dernier, l’organisme connaît une forte croissance. Son budget annuel atteignait 470 000 $ en 2023-2024, mais les coupures amputent près du cinquième de ses revenus.
Conséquence : quatre à cinq postes ont été supprimés et plusieurs services réduits.
La halte-garderie est passée de cinq à quatre jours par semaine et le programme « Horaire atypique », en place depuis 2008, a dû être entièrement annulé. « On a demandé à nos membres d’interpeller directement les élus et les ministres. Pour ma part, j’ai contacté le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, mais je suis toujours sans réponse », précise M. Lepage.
Un travail de proximité fragilisé
Implanté au cœur de Saint-Pie, près de l’école Au Cœur-des-Monts et de la bibliothèque municipale, le centre se distingue par ses services de proximité adaptés à la réalité d’un milieu rural.
« On aide aussi bien, les jeunes, les familles que les personnes âgées. C’est toute une partie de la population de Saint-Pie qui repose sur nous. Dans une petite municipalité comme Saint-Pie, les jeunes n’ont pas beaucoup d’options. Nos activités d’accompagnement et prévention contribuaient à réduire la petite délinquance comme le vandalisme et la consommation d’alcool ou de drogue. Avec moins d’activités, on remet la pression sur l’école ou sur les parents qui sont déjà débordés », résume le directeur.
M. Lepage déplore aussi les impacts de ces coupures dans la gestion des ressources humaines. Pour plusieurs jeunes, les emplois étudiants offerts par le centre constituaient aussi un tremplin intéressant. « On a perdu plusieurs moniteurs. C’est plate pour ces personnes-là qui travaillaient avec nous depuis deux ou trois ans, parfois plus. Dans notre cas, c’est environ 20 % des postes qui disparaissent. Or, dans une petite municipalité, il n’y a pas tant d’emplois de qualité. »
Lourdeur administrative
Enfin, M. Lepage s’inquiète que l’énergie investie dans la bureaucratie nuise au rôle de terrain du centre.
« Je comprends qu’on doive faire des redditions de comptes. Mais le temps que je passe à remplir des formulaires, je ne le consacre pas à développer des projets. Nous sommes ceux qui connaissent le mieux les besoins de la communauté. Cette lourdeur administrative, en fin de compte, se fait au détriment des familles. Ç’a toujours été compliqué de faire de demande de subventions, mais c’est rendu pire que jamais. Pour un parti [Coalition avenir Québec (CAQ)] qui a été élu en 2018 pour faire le ménage dans la bureaucratie québécoise et réduire la taille de l’État : c’est raté! »
M. Lepage souligne par ailleurs le contraste entre le financement privé et public. « J’ai eu besoin de seulement trois heures pour obtenir une subvention de 20 000 $ de la Fondation Mirella et Lino Saputo, alors qu’il m’a fallu un mois et demi de démarches administratives auprès du gouvernement, sans compter les rencontres obligatoires », illustre-t-il.
Selon lui, l’accès aux fonds publics demeure inutilement complexe et énergivore.


        
        
            
  
                         
                                