11 août 2022 - 07:00
Le centre-ville a-t-il besoin de bretelle?
Par: Le Courrier
Les gens qui choisiront d’habiter un appartement dans les constructions récentes au centre-ville de Saint-Hyacinthe le feront pour l’offre de spectacles, les boutiques, les restaurants, la bibliothèque à quelques pas, la promesse d’un aménagement des rives de la rivière, le Marché public et ses étals.

De façon plus subjective, pour flâner, faire du lèche-vitrine, rencontrer des gens du quartier ou des habitués, socialiser, toutes choses qui se font dans la lenteur et la multitude (foule?).

Les rues piétonnes en partie ou en totalité à Montréal sont un succès : Sainte-Catherine, larges trottoirs, stationnement de courte durée d’un seul côté, rue à sens unique, Saint-Laurent et Mont-Royal, uniquement piétonnier, cyclistes à côté de leur vélo, pas d’autos. À pied, on peut s’arrêter, rejoindre, revenir, on a le temps de regarder les vitrines et les menus.

Rien de tout ça en auto. Cette forme de piétonnisation n’est pas possible au centre-ville de Saint-Hyacinthe, il va falloir que la rue soit partagée. La densification en hauteur n’assurera pas la densification des passants. Une augmentation de la circulation automobile empêche déjà la venue des piétons et des cyclistes.

Une grande partie des nouveaux arrivants seront des retraités ou préretraités dont les choix reposent sur ce qui a été dit précédemment. Ils n’auraient pas à quitter le centre-ville précipitamment pour aller travailler. Ce ne serait pas de jeunes couples avec enfants. Si ce sont des travailleurs, c’est qu’ils travailleront à proximité (Hôtel-Dieu, bibliothèque, propriétaire de boutique, Centre de services scolaire).

Et ceux qui y habitent déjà, qui sont-ils? Chambreurs, travailleurs dans les boutiques, familles installées au centre-ville de longue date. Trouveront-ils des loyers à prix abordables? Sinon, le centre-ville perdrait-il cette main-d’œuvre?

Donc, le problème n’est pas de faciliter la sortie du centre-ville des résidents actuels ou futurs puisqu’ils travaillent à proximité ou ils ne travaillent pas. Ce qu’il faut faire, c’est attirer une clientèle qui actuellement évite d’y aller, en couple, en famille et même solo. Ce sont les cyclistes qui, rendus au centre-ville, deviennent des piétons. Et pour cela, il faut améliorer l’accès au centre-ville et, en même temps, améliorer l’accueil par la piétonnisation, des espaces sécuritaires réservés aux vélos, réduire la circulation automobile, créer des stationnements incitatifs, offrir des circuits de navettes, etc.

La fermeture de la bretelle, selon ce que je comprends, est une mesure pour faciliter l’accès au centre-ville à cette clientèle. J’ai déjà mentionné que l’accès à la nouvelle bibliothèque allait être dangereux pour les cyclistes jeunes et moins jeunes si rien n’était aménagé à cet effet. L’accès à la bibliothèque, c’est du même coup l’accès au centre-ville.

Gilles Germain, Saint-Hyacinthe

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