Le dernier coup de minuit déclenche une cacophonie de cris, de tintements de cloches, de klaxons de voitures et de hurlements de sirènes, le but de cet effort concerté étant de faire le plus de bruit possible.
Le tapage qui accompagne le changement d’année est une tradition originaire d’Europe qui s’est répandue dans de nombreux pays du monde. Ce charivari qui salue l’année nouvelle est un héritage païen. Pendant des siècles, dans les Highlands écossais, des villageois munis de bâtons et de peaux de vaches séchées encerclaient les maisons le soir de la Saint-Sylvestre. Quand retentissaient les douze coups de minuit, ils frappaient les murs et les peaux de bêtes avec leurs gourdins, en criant et en chantant à tue-tête. Ce rituel était destiné à mettre en fuite les démons qui avaient sévi dans le village pendant l’année.
Le terme charivari peut être employé pour décrire : un rituel collectif ou un grand bruit, un élément du costume traditionnel bavarois, un pantalon de route de cavalerie renforcé aux basanes sur la face interne des jambes et boutonné sur les côtés extérieurs pour pouvoir être enfilé par dessus les bottes, en usage au XIXe siècle.
Utilisé comme nom propre, c’est aussi un journal satirique français, publié de 1832 à 1937, existant aussi en version anglaise (Punch). Le Charivari canadien : hebdomadaire humoristique, publié du 5 juin au 13 novembre 1868 – 24 numéros. Le Charivari canadien commente l’actualité politique en textes et en images. Un jeu télévisé québécois animé par Guy Mongrain de 1987 à 1991; Charivari, une émission de radio française diffusée sur France Inter de 2003 à 2006.
Un charivari est très similaire au carnaval. Il s’en distingue toutefois en ce qu’il n’est pas lié au calendrier.
Il s’agit d’un cortège dans lequel de nombreux musiciens et passants font du bruit avec toutes sortes d’objets, généralement détournés de leur usage traditionnel. C’est une parodie. Le terme désigne aussi bien le défilé en lui-même qu’un bruit discordant généré par de nombreuses personnes, du tapage ou encore du bruit accompagné de désordre. Dans ce dernier cas on parle aussi de chahut.
Le rituel est attesté dès le XIVe siècle. Il se tient à l’occasion d’un mariage jugé mal assorti, c’est notamment le cas des charivaris organisés lors du mariage d’un homme âgé avec une jeune femme, ou d’un remariage, notamment quand un veuf ou une veuve se remarie trop vite après le décès de son premier conjoint.
Dans la campagne du XVIIIe siècle, gare à celles et ceux qui dérogent aux lois de la morale collective, car ils pourraient être victimes d’un charivari.
Utilisant principalement la dérision, cette justice communautaire tient lieu de contrôle social. Le charivari prend toutefois de telles proportions : vandalisme, voies de fait, qu’on en interdira la manifestation. L’État ne peut pas tolérer l’exercice d’une justice qui lui revient de droit et il doit protéger les libertés individuelles de tout citoyen, indépendamment du comportement moral. Néanmoins, les charivaris auront cours jusque vers la fin du XIXe siècle.
Au Canada, le premier charivari aurait eu lieu à Québec le 28 juin 1683. Selon l’archiviste E.-Z. Massicotte, c’était à l’occasion du remariage d’une jeune veuve, 21 jours après le décès de son premier mari, François Vézier dit Laverdure.
Âgée de 25 ans, elle épousa Claude Bourget, de cinq ans son aîné. Six jours plus tard, les méchancetés à leur endroit n’ont de cesse, donnant lieu à des « désordres et libertés scandaleuses, de même qu’à des actions très impies qui vont à une entière dérision de nos mystères et des vérités de la religion chrétienne ». Ce sont là les termes qu’utilise Mgr de Laval dans une ordonnance datée du 3 juillet 1683.
Le prélat s’exprime ainsi : « Nous faisons très expresses inhibitions et défenses à tous les fidèles de l’un ou l’autre sexe de notre diocèse de se trouver à l’avenir à aucune des dites assemblées qualifiées du nom de charivari, aux pères et mères d’y envoyer ou permettre que leurs enfants y aillent, aux maîtres et maîtresses d’y envoyer leurs domestiques ou permettre volontairement qu’il y aillent, le tout sur peine d’excommunication ».
Le Grand Charivari du Festival Juste pour rire
Le Grand Charivari est une parade nocturne contemporaine organisée dans le cadre du Festival Juste pour rire. Inspirés par le carnaval de Bâle, les cortèges dénonçaient des problèmes quotidiens par la moquerie. Pour communiquer le sujet satirique de la dépendance au crédit, 200 figurants ont défilé, le 18 juillet 2010, avec des masques en forme de poisson, enchaînés à une énorme carte de crédit, derrière des banquiers armés de cannes à pêche. Ce tableau citoyen, vivant et comique, a été créé avec l’humoriste Pierre Légaré et la municipalité de Vaudreuil-Dorion ainsi que des organismes culturels et communautaires.