Ces temps-ci, j’imagine la chaude voix grave de Michel Morissette du 771-BEAU nous résumer son bulletin météo par un retentissant : « Entoucas… va faire frette en ta! ».

Il ne le dira jamais, c’est un professionnel, mais au plus profond de lui, il n’en pense pas moins. Parce que chaque individu habitant ce territoire d’Amérique du Nord comprend, très rapidement et jusqu’aux extrémités de son corps, pourquoi, quand et comment le mot « frette » a préséance sur le mot « froid ».

Le frette. Qui s’annonce dès le réveil avec la découverte des rideaux collés dans la fenêtre devenue un vitrail givré de l’intérieur! Le frette qui fait péter les clous de la galerie. Le frette qui transforme le doux son feutré de la neige en un craquement sinistre à chacun de nos pas. Le frette qui fait que la guédille a même pas le temps de nous pendre au bout du nez, qu’elle nous gèle direct dans la cervelle. C’te frette là.

L’hiver, on peut combattre le froid en s’habillant, combattre la neige en pelletant, mais le frette, on peut rien faire contre lui. Juste se cacher, l’éviter. Y est juste trop fort. Le frette gagne. Tout le temps. Pis de ce temps-là, y bat même des records.

Facque. Va faire frette en ta. Remarque, j’me plains pas trop non plus. J’ai des manteaux, pis même si mes rideaux sont pognés dans mes vitraux, j’ai une maison pis l’Hydro. Y en a qui n’ont rien de ça.

Alors, si vous avez un petit quelque chose à donner à des organismes d’entraide, un coup de main, du temps, de l’argent, une paire de gants, ça serait le bon temps parce que s’il y a ben un endroit où y faut jamais qu’y fasse frette, c’est ben dans notre p’tit cœur.