Parfois contemplatif, d’autres fois porteur d’états d’âme, le travail d’Annie Joan Gagnon témoigne d’une grande sensibilité. Qu’il s’agisse d’œuvres créées au gré des voyages ou nées d’un flot d’émotions et d’une certaine quête spirituelle, l’artiste se laisse porter par l’inspiration du moment.
Au total, pas moins de vingt-cinq toiles, cinq paravents peints et une vingtaine de photographies font partie de cette exposition, qui regroupe des œuvres réalisées au cours des trois dernières années.
L’art comme exutoire
Après avoir vécu pendant une dizaine d’années dans l’Allemagne natale de son mari, Annie Joan Gagnon dit avoir perdu ses repères lorsqu’elle est revenue s’installer au Québec, en 2019. Elle laissait derrière elle l’homme qu’elle aime, dans l’attente qu’il puisse venir la rejoindre. L’arrivée de la pandémie, quelques mois plus tard, l’a encore plus déroutée. Heureusement, l’art lui a permis d’extérioriser ce qu’elle vivait et, d’une certaine façon, de se recentrer. D’où le titre de cette exposition.
« La création a été un exutoire pour moi », reconnaît-elle en entrevue avec LE COURRIER.
Quelques-unes de ses œuvres ont vu le jour après des séances de visualisation, également appelées imagerie, explique-t-elle. D’autres sont simplement inspirées de paysages qui ont croisé sa route, comme cette toile qu’elle a peinte avant la pandémie au pied du volcan Etna, en Italie, ou celles de différents lieux de la grande région maskoutaine.
Certaines toiles sont d’ailleurs accompagnées du croquis qui les a précédées, ce qui permet de constater l’évolution entre la première esquisse et la toile finale. Pour l’une d’elles, un diptyque d’un paysage de Saint-Pie, son art s’est même avéré prémonitoire en quelque sorte. Sur le croquis, on y voit une maison et une grange du Petit rang Saint-François. Au moment de faire la toile, une impulsion l’a amenée à les peindre comme si elles étaient happées par une tempête, raconte-t-elle. Lorsqu’elle est retournée à cet endroit, quelques mois plus tard, la maison et la grange n’étaient plus là.
Une série d’une vingtaine de photos de croix de chemin a aussi trouvé sa place dans cette exposition. Dans un désir de sortir de chez elle, au début de la pandémie, Annie Joan Gagnon a pris sa voiture et a sillonné les routes de la région pour contempler les paysages et changer d’air. Sur son chemin, elle a croisé une première croix sur laquelle il était inscrit « Par ce signe, tu vaincras ». Ce signe du destin, comme un encouragement, l’a amenée ensuite à prendre en photos différentes croix de chemin qu’elle voyait. En empruntant tous ces chemins, c’est comme si l’artiste retrouvait le sien.
« Chemin retrouvé » est la première véritable exposition d’Annie Joan Gagnon au Québec. Auparavant, ses œuvres avaient surtout été exposées en Allemagne.