6 juin 2013 - 00:00
Le CLD n’invite pas les délégations à la pizzeria
Par: Le Courrier

Au cours des dernières semaines, Martin Bourassa et son équipe se sont fait un devoir de vérifier la qualité de la gestion et de la gouvernance du Centre local de développement (CLD) Les Maskoutains.

Ce travail est utile et je tiens à féliciter le rédacteur en chef du Courrier pour l’initiative et particulièrement le travail d’enquête qui a consisté à éplucher toutes les pièces justificatives des frais de représentation du CLD. L’un des impacts positifs de ce travail est de rappeler à la Commission scolaire, au Cégep, à la Ville de Saint-Hyacinthe, à l’Hôpital et à toutes les organisations publiques qu’elles doivent rendre des comptes auprès de leur Conseil, des organismes-cadres de l’État et, à l’occasion, auprès du grand public grâce, notamment, au travail de journalistes tenaces. Après cette sortie publique, l’agent comptable responsable de la vérification des pièces au CLD ne doutera plus jamais de l’importance de vérifier la conformité des factures. Ajoutons que parmi les faits énoncés par Le Courrier, il y a aussi des éléments qui favorisent les ventes du journal et qui défavorisent la compréhension de la gestion publique. Quand Le Courrier souligne avec le ton du scandale que le directeur général du CLD a dépensé quelques centaines de dollars lors d’un dîner d’affaires, il y a un brin de populisme. Je ne serai pas le seul à encourager M. de Tilly à éviter les pizzerias du centre-ville quand vient le temps de recevoir les grands investisseurs et les délégations étrangères. C���est vrai qu’il aurait pu inviter six personnes pour un montant de 90 $, mais l’image de notre région en aurait souffert. Ceci dit, remarquez que je n’ai rien contre les pizzerias. Un certain nombre de pièces étaient fautives. Bien que conformes, il leur manquait une signature, ce qui les rend incomplètes. C’est une faute qui relève de la gestion interne et qui ne remet pas en cause la sincérité des comptes. Le Courrier, dans le cadre de cette enquête, soulève la question de la gouvernance. Il le fait de deux façons : d’une part en citant un membre du CA et un ex-membre du CA qui se sentent, apparemment, dépassés par la présentation des comptes de dépenses faites dans les cadres des instances du CLD, et d’autre part en soulevant un point plus structurel. Grâce à des entrevues avec des chercheurs en éthique publique du Québec, Le Courrier reproduit une des thèses les plus répandues dans la réflexion sur la nouvelle gouvernance des institutions de l’État : à tenter de trouver des formes originales combinant l’efficacité du privé et le souci du public (les différentes formes de Partenariats Publics Privés) on affaiblit la reddition de comptes traditionnelle. Il s’agit d’une question de fond qui va au-delà du choix de constituer une entité privée comme la Cité de la Biotechnologie. Toute institution privée offrant des biens publics souffre de problèmes de transparence. Finalement, je me réjouis que Le Courrier fasse une incursion dans l’évaluation de la performance des institutions locales. Il cite la croissance anémique de notre région. Là aussi, comme pour les factures, les gestionnaires publics reçoivent un message fort favorisant l’engagement et la mesure des résultats. La technique que le rédacteur en chef utilise de façon instinctive s’appelle la Méthode de la Valeur Acquise. Il s’agit d’identifier les objectifs d’un service public, estimer les ressources engagées pour la réalisation de ces objectifs et valoriser les résultats atteints. Dans le cas de notre MRC, l’affirmation est la suivante : malgré des frais importants, notre économie stagne. La réponse du CLD sur ce dernier sujet sera éclairante. En conclusion, je crois qu’il s’agit d’une exposition médiatique utile pour maintenir en alerte ceux qui gèrent des deniers publics. Mais elle n’est pas suffisante pour remettre en cause l’honnêteté du personnel du CLD.

Michel Filion, Spécialiste en gestion publique

Ndlr : Content de savoir que mon travail a été utile, surtout venant d’un spécialiste en gestion publique. À ce titre, j’aurais bien aimé lire vos commentaires sur certaines anomalies soulevées dans ce dossier, dont le fait que le directeur général du CLD puisse décider du salaire de sa conjointe et approuver lui-même ses dépenses. Je constate que vous êtes beaucoup plus critique envers le CLD dans nos échanges verbaux sur le sujet que par écrit. Pour votre gouverne, le maire et le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe ont affirmé récemment que la Cité de la biotechnologie n’est pas un organisme privé, mais bien un organisme autonome, tandis que le directeur général de la Cité en parle lui-même comme d’un organisme public. Pour ce qui est de l’honnêteté du personnel du CLD, nous ne l’avons jamais remise en cause. C’est pourquoi nous nous étonnons, tout comme vous j’imagine, du peu de collaboration et de transparence du CLD dans la remise de certains documents et pièces justificatives. Même surprise quand on nous remet des relevés de cartes de crédit dont une centaine de transactions ont été caviardées afin de les soustraire à notre regard.

Martin Bourassarédacteur en chef

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