Le conseiller du quartier La Providence, Bernard Barré, et le conseiller du quartier Sacré-Cœur, David Bousquet, ont voté contre le budget et le règlement décrétant la taxation pour l’année 2023 à la séance extraordinaire du 12 décembre. Bien que des dissidences au moment d’adopter un budget ne soient pas monnaie courante, elles ne sont pas rares pour autant. On a entre autres déjà vu des conseillers manifester des réserves au moment d’adopter les budgets de 2008, 2009 et 2010.
« L’ennemi à abattre, c’est l’inflation. Il n’y a rien de pire que l’inflation pour appauvrir une personne vulnérable. Pour abattre l’inflation, il y a deux moyens : soit on réduit nos dépenses, soit on limite l’augmentation des prix. […] J’ai l’impression qu’on fait le contraire. On dépense davantage, on veut tout, tout de suite, et on augmente le compte de taxes en moyenne de 4,19 %. C’est la plus grande hausse de taxes depuis que je suis élu municipal », a affirmé M. Bousquet.
Ce dernier dénonce aussi la création d’une taxe spéciale visant à financer le nouveau fonds vert de la Ville et une hausse distincte du taux de taxes pour les immeubles de six logements et plus. Tous les autres types d’immeubles connaissent la même hausse, mais les immeubles à logements recevront une hausse de 4,99 %, en excluant la taxe spéciale et les autres taxations.
Bernard Barré a souligné qu’il y aurait eu d’autres solutions à adopter avant d’augmenter le taux de taxes. Il propose, notamment, de réduire l’ampleur des projets d’investissements comme la promenade Gérard-Côté et de limiter les embauches tout en misant sur l’octroi de contrats en sous-traitance.
« Chacun des postes budgétaires de la Ville a été analysé avec rigueur, assure le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard. Malgré le contexte inflationniste et les enjeux de main-d’œuvre et d’approvisionnement, la situation financière de la Municipalité demeure saine. […] Nous sommes bien conscients que la hausse de taxes 2023 constitue un effort financier pour nos citoyens. »
« [Quand on élabore un budget], on commence par le programme triennal d’immobilisations (PTI), explique le conseiller municipal Pierre Thériault. On décrit nos objectifs qu’on veut atteindre sur une période de trois ans. Je n’ai pas vu beaucoup de gens lever la main pour couper dans des projets dans le PTI. On a accepté un paquet de projets. On a remis ça à la direction générale et elle nous revient avec une facture. C’est cette facture qui va dicter le taux d’imposition. Tout coûte plus cher. Il serait déraisonnable d’abaisser le taux de taxes pour pelleter par devant. On a fait un travail responsable. »
Le taux de taxe foncière sera majoré de 3,75 % pour atteindre 0,7158 $ par 100 $ d’évaluation. À cela s’ajoute la taxe spéciale pour le fonds vert (0,0069 $/100 $) et une hausse de la taxe pour l’assainissement des eaux usées. Le total représente en moyenne 4,19 % d’augmentation. Pour une maison unifamiliale moyenne sans piscine, évaluée à 290 549 $, cela représente une hausse de 107 $ en 2023.
La taxation concernant la consommation d’eau potable et les matières résiduelles se maintiendra aux taux de 2022. Les propriétaires ayant une piscine verront cette taxe majorée de 5 $ et ceux ayant des installations septiques assumeront une hausse de 30 $. Les immeubles de six logements et plus connaîtront une hausse de leur taux de 4,99 %, auquel s’ajouteront les autres taxations. Les propriétaires d’immeubles commerciaux et industriels subiront une hausse de 3,75 % de leur taux de taxation.
Les taxes résidentielles représentent 29 % des revenus. Les taxes industrielles et commerciales permettent de financer 24 % du budget. Les hausses de taxes permettront d’obtenir 5,9 M$ supplémentaires pour un total de revenus en taxes de 98,52 M$ en 2023.
La Ville a adopté un budget global de 132,6 M$ pour l’année 2023, ce qui représente une hausse de 7,89 % comparativement à l’année dernière. Pour l’année 2022, le budget s’élevait à 122,9 M$.
Notons que l’inflation se situait à 6,73 % pour la période d’octobre 2021 à 2022. D’autres éléments ont aussi contribué à la hausse des dépenses, dont la croissance de la masse salariale, les taux d’intérêt plus élevés sur la dette, les frais plus élevés de la Sûreté du Québec et l’augmentation du prix de l’essence.
Une dette de 58,1 M$
La dette à l’ensemble des contribuables a diminué puisque la Ville n’a pas ajouté d’emprunt l’année dernière. La dette descendra à 58,15 M$ au 31 décembre 2022, alors qu’elle se situait à 61,77 M$ à la même date l’année dernière. Le conseil municipal a fixé son plafond symbolique de la dette à 92 M$.
Il en coûtera 10,55 M$ à la Ville pour rembourser en capital et en intérêts la dette en 2023. Cela représente une hausse de 2,75 % comparativement à l’année précédente. Juste en intérêts, la Ville connaît une hausse de 702 079 $.
En 2023, la Ville ajoutera un emprunt de 20 M$ sur la dette à l’ensemble de la population pour la construction de la nouvelle bibliothèque. Même si les travaux de la promenade Gérard-Côté seront lancés en 2023, ils ne seront financés par un emprunt à long terme qu’en 2024 à la hauteur de 5,9 M$.
Il est encore trop tôt pour connaître où se situera la dette à la fin de l’année 2023, souligne la porte-parole de la Ville, Brigitte Massé. Cela va dépendre du pourcentage des taux d’intérêts des financements qui seront en vigueur et si la Ville sera capable de réduire la dette après les états financiers de 2022.