Le 27 avril, au terme de l’audience du conseil pour réviser en appel la décision du comité de démolition d’autoriser l’émission du permis, le maire Claude Corbeil avait annoncé que les élus allaient trancher la question dès leur séance publique du 4 mai.
Mais lundi soir, il ne s’est rien passé, sinon que le sujet « E.T. Corset » a été retiré du menu juste avant l’adoption de l’ordre du jour. Il y avait été inscrit avec la mention « décision » et une référence au conseil plénier du 27 avril, lequel avait suivi l’audition en appel.
Le 27 avril, en caucus, les élus s’étaient donc mis d’accord sur le verdict à rendre en séance publique. De toute évidence, le dossier a évolué dans les jours qui ont suivi, de sorte que la discussion sur E.T. Corset se poursuivra à la plénière du 11 mai.
« Des élus ont soulevé de nouveaux arguments », a indiqué le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, au cours du point de presse qu’il a donné en compagnie du maire Corbeil après la séance publique de lundi.
La demande de permis de démolition visant la E.T. Corset provient du promoteur Stéphane Arès, qui en a fait tout récemment l’acquisition au prix de 350 000 $. Selon nos informations, il aurait ainsi coupé l’herbe sous le pied d’un concurrent, Raymond Joyal, qui a déjà réalisé à Saint-Hyacinthe la conversion d’anciennes usines en édifices à logements.
C’est vraisemblablement son projet pour la mise en valeur de la E.T. Corset qu’une Maskoutaine diplômée en architecture, Marie-France Daigneault Bouchard, a dévoilé devant les élus à l’audience du 27 avril. Elle tentait de les convaincre de la pertinence de protéger le plus vieux morceau du patrimoine industriel de Saint-Hyacinthe encore visible, au lieu de laisser construire de « banals condos » sur le site. « Saint-Hyacinthe est une ville historiquement importante, et il faut sauver E.T. Corset coûte que coûte » a-t-elle confié au COURRIER au lendemain de l’audience.
Le promoteur Arès souhaite démolir la E.T. Corset pour y réaliser un projet immobilier haute densité qui englobe aussi l’emplacement voisin, celui de l’ancienne usine Goodyear, dont il a fait raser la dernière section l’année dernière. Apparemment, son projet cadrerait avec le plan d’aménagement d’ensemble que la Ville a fait préparer en vertu d’un accord de développement qu’elle a conclu avec M. Arès et auquel elle doit consacrer en tout 490 000 $, dont 90 000 $ pour le plan.
En échange, le promoteur avait abandonné la poursuite de 472 000 $ qu’il avait intentée contre la Ville pour les pertes encourues durant les quatre années – 2009 à 2013 – où l’immeuble Goodyear a fait l’objet d’une réserve foncière. D’une durée maximale de quatre ans, cette réserve incluait aussi les immeubles E.T. Corset et Les Orgues canadiennes. Elle devait faciliter la création d’un stationnement incitatif près de la gare, mais la Ville n’a rien enclenché avant l’échéance.