Leur porte-parole, Patrick Cordeau, a déposé une pétition portant 500 signatures obtenues en cinq jours de citoyens opposés à l’implantation d’horodateurs le long de cette artère commerciale. Si ce projet se concrétise, ce sont 115 espaces de stationnement gratuit à durée limitée qui deviendront des cases payantes à compter du 12 janvier.
« On va au-devant de pertes de revenus considérables avec cette décision-là », a soutenu M. Cordeau en s’adressant au conseil.
Avant d’ouvrir la période des questions, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, avait laissé entendre qu’aucune décision dans ce dossier n’avait été prise à la légère et que c’était pour éviter de se perdre dans un dialogue de sourds que la Ville n’avait pas poussé très loin les consultations sur la phase II du sujet.
« Vous parlez de dialogue de sourds, mais nous, on n’est pas sourds et on est prêts à vous entendre », a rétorqué Patrick Cordeau. Il a accusé la Ville d’avoir agi « un peu en catimini » en n’abordant la question des horodateurs qu’au bas d’une lettre aux commerçants qui traitait principalement des travaux au tunnel Sainte-Anne. C’était la convocation à une séance d’information sur les deux sujets qui a eu lieu au Centre aquatique le 28 octobre et qui n’a attiré qu’une douzaine de personnes, sur 95 invitations.
« Les horodateurs, ça va nous nuire, ça ne peut pas nous aider. Nous, on veut du stationnement limité à deux heures à la grandeur de la rue. Faites-le appliquer et ce sera moins dispendieux que vos appareils (…). On a besoin de l’aide de notre Ville, pas qu’elle nous mette des bâtons dans les roues », a-t-il plaidé.
« Vous nous avez dit le mot « écoutez », et on vous a écouté », lui a d’abord répondu le maire Corbeil. Il a souligné qu’à la Ville, la réflexion sur les horodateurs durait depuis plusieurs années et que le moment de la mise en application était venu. Mais il a laissé entendre que le conseil n’était pas fermé au dialogue dans le cadre de la phase II. « D’ici la mi-janvier, on a le temps de jaser du comment on va le faire. L’objectif n’est pas de tuer le commerce, c’est de tenter d’avoir un meilleur roulement. »
Jeannot Caron, un gestionnaire immobilier du centre-ville et de la rue Sainte-Anne, partie nord, n’a pas mâché ses mots ensuite pour décrier le projet des horodateurs. Il a défendu la cause des résidants détenteurs de vignettes qui n’arrivent plus à stationner au Centre des arts depuis que la Ville y avait diminué le nombre de cases limitées à deux heures, comme mesure d’adoucissement. « Je vous écoute depuis tantôt et je suis vraiment déçu de votre manière de travailler (….). J’espère que vous allez atteindre vos objectifs, mais actuellement, vous allez dans le champ », a-t-il lancé au maire Corbeil, qui n’a pas du tout prisé l’attaque.
« Je m’excuse, mais c’est moi qui dirige (l’assemblée). Vous êtes gestionnaire d’immeubles? Moi, je suis gestionnaire de la Ville de Saint-Hyacinthe », a-t-il répliqué.
La conseillère du district Cascades, Sylvie Adam, elle-même une commerçante du centre-ville, s’est ensuite adressée au directeur général, Louis Bilodeau, pour lui demander si le dossier des horodateurs ne pourrait pas faire l’objet d’une analyse plus approfondie lors d’une prochaine rencontre du conseil. « Bien sûr », lui a-t-il répondu, en lui faisant toutefois remarquer que des ajustements avaient déjà été apportés au terme de la phase I, au centre-ville.
« Ça ne passe pas »
Quant au conseiller du district Sacré-Coeur, David Bousquet, il a carrément émis des doutes sur les chances de succès de toute l’opération. Dans les deux dossiers abordés à la période des questions – les horodateurs et la taxe compensatoire aux OSBL -, il s’est dit en désaccord avec l’ensemble du conseil.
« J’observe un exode important vers les stationnements publics par rapport à la situation d’avant. Samedi, à part trois voitures, toutes les cases étaient vides autour du parc Dessaulles. Ce qui me fait peur, c’est que les horodateurs ne soient pas rentables. Dans la culture de Saint-Hyacinthe, ça ne passe pas, même le prix est trop élevé. Sur Sainte-Anne, je me questionne drôlement : il y avait dix véhicules stationnés aujourd’hui. Les gens sont prêts à stationner à la piscine pour aller travailler à l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas payer. J’ai l’impression qu’on ne rencontrera pas nos objectifs », a-t-il conclu.