Malgré le raffinement technologique qui caractérise le nouveau Centre de valorisation des matières organiques (CVMO), construit au coût de 7,3 millions $ dans le parc industriel Théo-Phénix, les équipements en place au 8400, avenue Émilien-Letarte n’arrivent pas à bien mâcher le contenu des bacs bruns pour le préparer au traitement par biométhanisation effectué à la station d’épuration de la rue Girouard Est.
Ce qui pose problème, ce sont les branchages que les citoyens ont l’habitude de déposer dans le bac brun. Agissant comme les mailles d’un filet, les branches empêchent les autres matières organiques d’atteindre le mécanisme de broyage.
La situation est telle que la Ville a dû se résoudre à détourner vers un site de compostage tout le contenu des bacs bruns, des matières que la Régie intermunicipale d’Acton et des Maskoutains (RIAM) doit livrer au CVMO depuis le 1er décembre 2014, en vertu d’une entente conclue avec la Ville de Saint-Hyacinthe.
« La réalité, c’est qu’on retrouve beaucoup de matière ligneuse dans les bacs. La RIAM avait sous-estimé la quantité de branches présente, par rapport aux déchets de table », a expliqué le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, au point de presse qui a suivi la séance du conseil municipal du 7 décembre.
Devant les difficultés rencontrées avec les matières organiques de la collecte sélective, la Ville a décidé l’automne dernier de lancer un appel d’offres à l’intention des centres de compostage afin de soulager le CVMO du contenu des bacs bruns, le temps pour elle de trouver une solution durable au problème.
Le résultat de l’opération s’est avéré si décevant que le conseil municipal, à cette même séance du 7 décembre, a décidé de rejeter toutes les soumissions reçues pour l’octroi d’un contrat de deux ans. Les quatre prix soumis s’échelonnaient de 771 783 $ (Compostage GL) à 2 873 225 $ (Service Matrec), ce que les élus ont jugé trop cher dans les circonstances.
Comme la RIAM recueille annuellement environ 10 000 tonnes de matières organiques avec ses bacs bruns, cela revient à dire que le plus bas soumissionnaire, Compostage GL, du rang Saint-Simon à Sainte-Marie-Madeleine, a présenté un prix à la tonne d’environ 38 $ pour recevoir et valoriser par compostage le contenu des bacs bruns, soit l’équivalent de ce que la RIAM verse à la Ville pour le traitement des matières des bacs bruns, c’est-à-dire 39 $ la tonne. Compostage GL est le site qui dépanne la Ville avec sa plate-forme depuis que les matières organiques sont détournées du CVMO, et qui continuera de le faire jusqu’à nouvel ordre, selon ce qu’a indiqué Louis Bilodeau.
« Nous sommes en train de développer la solution, et elle viendra probablement de la filière européenne », a-t-il révélé. Il croit que d’ici la fin de l’été, la Ville se sera équipée d’une déchiqueteuse très performante pour que le CVMO puisse traiter les branches avec le reste, après une période de rodage.
« Nous sommes les premiers au Québec dans le domaine de la biométhanisation, et nous vivons d’essais-erreurs. Les bacs bruns, c’est 5 % du volume à traiter, mais c’est 95 % du défi », a-t-il souligné.
Il a rappelé que pour la réussite du programme en cours, il est essentiel que le contenu des bacs bruns soit valorisé par biométhanisation.