Faut-il applaudir ou pleurer?
C’est à notre avis la grande question qui se pose encore aujourd’hui face à l’entente de libre-échange du Partenariat transpacifique (PTP) conclue entre 12 pays signataires, dont le Canada. On en connaît quelques grandes lignes, mais comme toujours il faudra en connaître les fins détails et les aboutissants avant de savoir si cette entente est aussi bonne ou mauvaise que les politiciens et les groupes de pression le disent. Seule certitude, il n’y a jamais d’entente ou de négociation parfaites.
On se dit cependant que le Canada n’avait pas le choix d’adhérer à cet accord qui lui ouvre les portes sur un marché de 800 millions d’habitants, qui représente plus ou moins 40 % de l’économie mondiale. Comme dans toute négociation serrée, il a fallu céder sur certains points pour faire des gains sur d’autres.
Ce n’est qu’une fois qu’elle sera en force, que cette entente commerciale pourra froidement être analysée et qu’on saura si la liste des Pour dépasse celle des Contre au niveau des impacts sur notre économie. Mais encore faudra-t-il que cette entente soit ratifiée par les 12 Parlements des pays concernés.
Ce n’est pas encore acquis, loin de là. Si on se fie toutefois aux commentaires entendus depuis lundi, la réaction générale au Canada est plutôt favorable, à part quelques exceptions dans l’industrie automobile en Ontario et dans l’industrie agroalimentaire au Québec. Mais encore là, les réactions ne sont pas si virulentes dans le secteur agricole québécois. Si les producteurs des secteurs soumis à la gestion de l’offre (oeufs, lait, volaille) craignent des jours sombres, d’autres se réjouissent.
C’est le cas des producteurs bovins et acéricoles et des grands transformateurs comme Saputo et sans doute Olymel, qui ne lèvera pas le nez sur un accès plus facile aux marchés asiatiques comme le Japon. Du côté des producteurs des secteurs sous gestion, ils auront sans doute du mal à convaincre l’opinion publique que ce PTP est si néfaste en fin de compte. On retiendra surtout que le système de gestion de l’offre tient toujours malgré une brèche qui est loin du 10 % d’ouverture redoutée il n’y a pas si longtemps. Il est plutôt question de céder 3,25 % du marché des producteurs laitiers, 2,3 % du côté des oeufs, 2,1 % du côté du poulet et 2 % du dindon.
En contrepartie, le gouvernement propose la mise en place d’un système de compensation muni d’une cagnotte de 4,3 milliards de dollars sur 15 ans pour soutenir les agriculteurs qui verront leurs revenus fléchir. De l’assurance stabilisation à la sauce PTP en quelque sorte. En théorie, la bouchée ne semble donc pas si amère à avaler, mais ce n’est qu’une fois que l’entente aura été exposée au grand jour et décortiquée dans ses moindres détails, que l’on pourra prendre la réelle mesure de ce grand bouleversement transpacifique.
Le diable se cache dans les détails, c’est bien connu.