10 avril 2025 - 03:00
André Beauregard devant la Chambre de commerce
Le dit et le non-dit
Par: Martin Bourassa
V endredi, André Beauregard était de retour pour une quatrième fois devant la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe pour y livrer son discours annuel, son dernier avant l’élection de novembre. Et enfin, on a eu un peu de viande fraîche à se mettre sous la dent, pas juste du réchauffé.

L’exercice était loin d’être parfait et la formule plutôt boiteuse. Les gens d’affaires acceptent de payer entre 85 $ et 100 $ pour entendre le maire parler de ce qui se brasse à l’Hôtel de Ville, pas tant pour le voir pendant 30 minutes jouer les journalistes et poser des questions en rafale à des entrepreneurs et dirigeants comme Roger Letendre, Jonathan Robin, Jean-Pierre Bédard ou François Marquis. Ces infopubs ont tellement pris de place que la période de questions de l’auditoire a été limitée à quatre questions.

Çà et là, on retiendra quelques petites nouvelles dignes d’intérêt. On s’en doutait, mais cela a été confirmé : Québec n’offrira pas la reconnaissance de zone d’innovation à la région maskoutaine.

La délégation maskoutaine est revenue bredouille de son récent voyage à Québec. « Le dénouement espéré n’aura pas lieu », a confirmé un maire déçu par la tournure des événements.

On a aussi eu droit à une déclaration douteuse quand celui-ci, en se pétant les bretelles, s’est félicité du fait que la Ville de Saint-Hyacinthe ait réussi à anticiper la crise du logement, vu le nombre élevé de projets immobiliers qui sont sortis de terre ou qui sont dans les cartons des promoteurs ces dernières années.

Mais de toute évidence, la Ville n’a pas été en mesure d’anticiper avec autant de succès la crise des infrastructures qui en découle. Le dossier de la modernisation forcée de l’usine d’épuration est un peu sorti de nulle part. Ce qui devait être un chantier de 34 M$ en 2021 est soudainement passé à 110 M$ en 2024. André Beauregard a même offert une mise à jour.

Ce projet oscille maintenant autour de 127 M$, avec une facture d’environ 46 M$ pour les contribuables maskoutains dans la mesure où les subventions fédérales et provinciales seront à la hauteur des attentes. Ces dernières sont assez ambitieuses. On espère recevoir un coup de pouce supplémentaire de 24 M$ de Québec et de 32 M$ d’Ottawa, qui s’ajouterait à un appui initial de 25,2 M$ de ces deux paliers.

L’optimisme du maire est au rendez-vous, malgré le contexte politique incertain et la crise des finances publiques tant à Ottawa qu’à Québec. Il s’agit du même homme qui était convaincu que la zone d’innovation était dans la poche. Il s’est aussi bien gardé de s’avancer sur la date de la publication de l’appel d’offres et le délai qu’il se donne pour recevoir lesdites subventions.

Autre profond silence sur la décision de son conseil de débrancher une soixantaine de propriétés de Sainte-Marie-Madeleine du réseau d’égout de Saint-Hyacinthe d’ici 2034, alors que ces citoyens sont branchés au réseau maskoutain depuis 2021 seulement (ce que le maire ignorait), même si l’entente de services remonte à 2014. Il est facile d’imaginer la colère et le désarroi des gens concernés, eux qui ont payé le gros prix pour se brancher au réseau. Et Saint- Hyacinthe en ajoute en exigeant que Sainte-Marie-Madeleine paie sa part de la modernisation de l’usine, un montant estimé à près de 300 000 $, et ce, même si elle ne pourra plus en profiter à partir de 2034.

Je précise ici que l’impact de la soixantaine de résidences touchées représente à peine 0,23 % de la capacité totale de l’usine d’épuration actuelle. Comme Maskoutain et payeurs de taxes, je suis assez inquiet. Je peine à croire qu’on investira quelque 127 M$ dans une infrastructure qui n’augmentera sa capacité actuelle que de 50 % et qui nous obligera malgré tout à couper le tuyau à nos voisins déjà desservis. Qu’on refuse d’en connecter davantage passe encore, mais qu’on renie une entente passée qui a relativement peu d’impact, cela me laisse plutôt songeur. Une chance qu’Exceldor n’était pas très pressée de construire sa nouvelle usine chez nous.

Ce n’est pas très rassurant tout ça.

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