Même si le sujet semble aride à première vue, et même quand on y regarde de plus près, il peut être très divertissant de parler d’urbanisme et de tout ce qui encadre les projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble, les plans d’aménagement d’ensemble, les dérogations mineures et les démolitions d’immeubles. Je crois sincèrement que cette révision pourra faire le bonheur de nos journalistes en leur procurant une matière abondante pour alimenter nos pages d’ici l’adoption du prochain plan.
Il serait cependant bien étonnant que cette mise à jour provoque autant de rebondissements et de déchirements que tout le processus qui a conduit à l’adoption du plan d’urbanisme actuel en novembre 2010. Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire. Parlant de ça, la Ville avait reçu 67 mémoires d’individus, de promoteurs et de groupes intéressés par sa révision précédente. Et souvenez-vous, la Ville avait engagé une firme d’urbanisme pour l’accompagner dans tout ce processus sinueux : Plania-Dessau.
C’est cette dernière qui nous était arrivée avec de grandes orientations calquées en bonne partie sur celles qu’elle avait élaborées… à Terrebonne! Et c’est à ce moment que les Maskoutains avaient été confrontés au concept du fameux et controversé noyau urbain central. C’est dans cet axe, à partir des Galeries St-Hyacinthe et passant par le boulevard Laframboise et l’avenue Sainte-Anne jusqu’au centre-ville, que devait s’articuler le développement futur de Saint-Hyacinthe, en particulier pour les bureaux structurants.
Le Groupe Robin, éternel rival des centres d’achats Beauward, avait avalé ce noyau de travers pendant un bon moment. Dans une intervention mémorable et immortalisée par la Une du COURRIER du 4 novembre 2010, Robert Robin s’était rendu seul comme un seul homme à la séance publique extraordinaire précédant l’adoption du plan d’urbanisme pour plaider sa cause.
Le plan d’urbanisme avait finalement été adopté sur division à sept conseillers contre quatre, un résultat surprenant considérant l’importance du sujet et les façons de faire du conseil au temps du maire Claude Bernier, où le consensus était roi.
Pour la petite histoire, et pour diverses raisons, les conseillers Louise Arpin, David Bousquet, Donald Côté et Bernard Barré s’étaient tous opposés. Les trois derniers sont toujours en poste et bien au fait de toute cette saga. Le maire actuel, André Beauregard, était simple conseiller à cette époque et avait voté en faveur du plan imparfait. « Si on n’a pas l’unanimité dans le conseil, comment peut-on espérer faire l’unanimité dans la population », avait-il commenté. Gageons qu’il fera tout en son possible pour que le prochain plan d’urbanisme fasse moins de vagues que le précédent.
Grosses vagues en effet. Moins de deux ans après l’adoption du plan d’urbanisme, Robin, avec l’accord de la Ville, faisait éclater le noyau urbain central en annonçant la construction d’une tour de bureaux écologique au complexe M. La riposte judiciaire de Beauward n’avait pas tardé avec le dépôt d’une demande d’injonction et d’une poursuite contre la Ville. Ces procédures n’ont eu que pour effet de retarder la concrétisation du projet. Voilà qui démontre bien tout le potentiel explosif d’une révision d’un plan d’urbanisme en apparence barbante.
À quoi peut-on s’attendre de la révision actuelle? J’ose croire que la Ville a appris de ses erreurs du passé, même si les promoteurs immobiliers seront certainement à l’affût. Pour un montant de 212 000 $, c’est la firme BC2 Groupe Conseil qui a reçu le mandat de faire mieux que Plania en accompagnant la Ville. La barre n’est pas si haute, disons-le franchement. En passant, cette sélection ne devrait pas trop déplaire à au moins deux gros promoteurs immobiliers locaux.
BC2 a accompagné le Groupe Robin dans le développement du District 55 à Trois-Rivières et cette même firme a aussi réalisé, l’an dernier, un mandat de lobbying au profit de Beauward Immobilier du côté de Saint-Jérôme.
À Saint-Hyacinthe, BC2 se retrouve donc en pays de connaissance.