19 septembre 2013 - 00:00
Le futur est Bonarda?
Par: Hélène Dion

En arrivant à Buenos Aires, j’ai plongé les yeux dans le Rio de la Plata, imaginant l'histoire magnifique du tango que ce fleuve a vu naître, mais aussi la terrifiante période des Vuelos de la muerte qu’il a dû recevoir de force!

Avec un programme chargé de visites des régions viticoles le long des Andes, de Salta à Mendoza, j’ai eu la chance de découvrir l’Argentine, dans ses dimensions culturelles, sociales et historiques et surtout saisir son potentiel en terme viticole.

Penser à l’Argentine, c’est penser à ses cépages emblématiques : le Malbec et le Torrontés. Mais il y a également la Bonarda, variété argentine (parent du Corbeau) qui perce de plus en plus le coeur des viticulteurs et des consommateurs…

Bonarda : se défaire d’une mauvaise réputation

J’aime la Bonarda, mais elle a mauvaise réputation. Dans les années 70, alors que la consommation de vin par personne était de 90 litres annuellement, il fallait produire en masse. La Bonarda, à la vigueur indomptée, était une variété qui répondait à ce besoin. Avec de gros rendements destinés au vrac, imaginez le résultat dans le verre! Pas de quoi attirer les amateurs de vin… Le résultat serait le même pour n’importe quel cépage : prenez le meilleur des cafés et diluez-le, vous aurez toujours du jus de chaussette!

Heureusement, quelques vignerons ont pris sur eux de mettre en valeur ce patrimoine et de ne pas tout miser sur les cépages internationaux (le cabernet sauvignon est le meilleur exemple, occupant à lui seul 17 % de l’encépagement en rouge tout juste derrière la Bonarda à hauteur de 18 %). Car voyez-vous, du Cabernet Sauvignon, de la Syrah (13 %) ou encore du Chardonnay, on en trouve partout. On assiste à une uniformisation de l’encépagement à l’échelle mondiale et les cépages locaux, et souvent secondaires, perdent du terrain dans les pays producteurs. Cela me rappelle une visite en Grèce, sur l’île de Crète. On nous avait fait déguster des vins issus de cépages internationaux, laissant les Mandeleria, Liatico ou encore Kotsifali pour la clientèle locale. Nous qui venions pour découvrir la typicité crétoise… nous étions restés sur notre faim avec les chardonnay et syrah que l’on nous avait servis. Le fait de cultiver des variétés locales ne fait pas que satisfaire les consommateurs curieux, mais contribue à la diversité du bagage génétique viticole.

Les meilleures Bonarda

La Bonarda fait rarement cavalier seul et on l’assemble souvent avec le Malbec ou encore la Syrah. La Bonarda aime la chaleur, le soleil et des rendements contrôlés. À Alta Mira, dans la vallée de Uco, elle s’est exprimée merveilleusement, affichant une minéralité plus présente.

Dans le verre, la Bonarda est d’une intensité colorante très appuyée avec des reflets violets. Au nez, on perçoit du fruit rouge et noir tels que la mûre, la framboise et des épices. Très sensibles à l’apport de bois, les winemakers assurent qu’il faut y aller « mollo » avec les élevages en fûts. En bouche, ses tanins sont importants, mais non asséchant, et enrobés d’un fruit qui la rendent très gourmande une fois vinifiée. Malheureusement, peu de vins issus à 100 % de Bonarda sont disponibles en succursales. Les producteurs Nieto Senetiner (cuvée Cadus) et Catena Zapata (cuvée Emma disponible en IP) produisent parmi les meilleures Bonarda. Souhaitons les voir arriver en SAQ le plus tôt possible! En attendant, voici quelques suggestions de vins issus du pays du tango.

Quelques vins à découvrir!

– Bonarda 2012 – Colonia Las Liebres – Code SAQ : 10893421 – Prix : 13,70 $

Une super Bonarda, surtout considérant le prix! Il y a du fruit, de la fraîcheur, une pointe d’amertume en finale. Un vin de semaine à ne pas manquer!!

– Torrontés 2013 – Colomé (2012 en SAQ Code : 11730797 – Prix SAQ : 14,65 $)

Délicieux vin blanc aux arômes de pêche blanche, à la finale d’agrumes, vif et assez persistant.

– Malbec 2011 – Decero (2010 en SAQ Code : 11625743 – Prix : 23,50 $)

Le domaine Decero est l’un de mes coups de coeur de ce voyage. Dégusté le millésime 2011, un peu plus frais, qui affiche du fruit et un côté floral. Vin harmonieux. Souhaitons voir arriver le petit verdot de la même maison!

Si vous allez en Argentine, il faut :

Faire un arrêt à Buenos Aires :

Prenez quelques jours à Buenos Aires pour découvrir cette ville magnifique! Plusieurs lieux historiques valent le détour : – Cimetière de Recoleta : L’un des plus impressionnants cimetières du monde, celui de Recoleta rassemble plusieurs des célèbres sépultures argentines. Eva Perron y repose notamment. Réservez au moins une heure pour déambuler dans ce petit village silencieux… – Café Tortoni : Sur l’Avenida de Mayo, vous croiserez le fameux Café Tortoni. Entrez-y pour déguster un Alfajor (petite pâtisserie) et un « café con leche » avant de descendre au sous-sol pour assister à un spectacle de Tango. – La Boca : Le quartier de La Boca, avec ses jolies maisons colorées, est reconnu mondialement pour son club de soccer junior. Sur la rue Caminito vous rencontrerez les artisans, les peintres, les danseurs de Tango, ou encore le sosie de Diego Maradona vous proposant une photo avec lui… La Boca n’est pas recommandable le soir. – Marché de San Telmo : Tous les dimanches, c’est à San Telmo qu’il faut se rendre. Antiquités et artisanats envahissent les rues au rythme du Tango. Après une tournée dans les rues du quartier, prenez une pause à la Plaza Dorrego. Le café est succulent! – Don Julio : Chez Don Julio, vous goûterez à la viande argentine! Sa chair savoureuse fait un délice avec le Malbec! Ambiance familiale.

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