14 juillet 2011 - 00:00
Pipeline d'Ultramar
Le Grand Chef entre dans la danse
Par: Jean-Luc Lorry
Guillaume Carle, Grand Chef des peuples autochtones du Canada.

Guillaume Carle, Grand Chef des peuples autochtones du Canada.

Guillaume Carle, Grand Chef des peuples autochtones du Canada.

Guillaume Carle, Grand Chef des peuples autochtones du Canada.

D'irréductibles agriculteurs revendiquent leurs origines autochtones pour barrer la route à Ultramar dans le cadre de la construction d'un pipeline qui reliera Lévis à Montréal. Pour se faire entendre, ils ont fait appel au Grand Chef des peuples autochtones du Canada, Guillaume Carle, qui a accepté de jouer les médiateurs dans ce dossier.

« J’espère que nous allons réussir à sortir de cette impasse. Je souhaite qu’Ultramar s’assoie à la table afin de trouver des solutions dans ce dossier. Il doit y avoir une ouverture d’esprit de cette compagnie pétrolière pour régler ce litige », a indiqué mardi, le Grand Chef Carle, lors d’un point de presse tenu sous une pluie battante devant le palais de justice de Saint-Hyacinthe.

Parmi les cinq opposants à la construction du pipeline, deux agriculteurs demeurent dans la région. Il y a un an, la ferme Denis Scott & fils de Sainte-Rosalie avait reçu un avis d’expropriation de la part du Tribunal administratif du Québec au nom d’Ultramar, en réponse au refus du propriétaire de signer une entente avec le groupe pétrolier.M. Carle a précisé que la famille Scott est présente sur la même terre depuis plus de neuf générations et Martin Scott nous assure être d’origine autochtone. Selon ce dernier, de la machinerie serait sur le point d’être installée sur sa terre agricole. Notons qu’à titre de dédommagement, la pétrolière offrait aux propriétaires touchés, 250 % de la valeur foncière pour obtenir le droit de passage sur les parcelles de terrain visées.Jusqu’à maintenant, la quasi-totalité des 865 propriétaires impliqués par le passage du pipeline a réussi à s’entendre avec Ultramar.« Ce n’est pas une question d’argent, mais de principe et de territoire, a estimé Guillaume Carle. C’est avant tout une question de sécurité publique pour les individus, leurs familles et les personnes avoisinantes. »Avant d’endosser les habits de médiateur, le Grand Chef a imposé quatre conditions au groupe d’agriculteurs qui a fait appel à ses services. Respecter une ouverture d’esprit dans les négociations, reconnaître l’autorité du médiateur et du Grand Chef de la Confédération des peuples autochtones du Canada, Guy Frigon, respecter le droit de chacun de s’exprimer et que le Grand Chef approuve la participation de nouvelles personnes dans le dossier sont les conditions fixées par M. Carle.Pour l’heure, le camp autochtone opte pour une solution pacifique du « litige ». « Plusieurs autochtones ont appelé pour venir sur les lieux. Deux gros tipis de 20 pieds de haut étaient prêts à être érigés sur le terrain. Avant d’utiliser des moyens de pression, nous allons nous asseoir avec les parties et faire le point », a prévenu Guillaume Carle.

Surprise chez Ultramar

Du côté de la direction d’Ultramar, on se dit surpris par l’implication soudaine des autochtones dans ce dossier bouclé depuis plusieurs mois.

« L’enjeu des revendications de droits autochtones est invoqué dans le dossier pour la première fois depuis six ans et demi », a mentionné au COURRIER Michel Martin, directeur des affaires publiques et gouvernementales chez Ultramar.« Je rappelle cependant qu’Ultramar a obtenu toutes les autorisations requises de la part de tous les paliers gouvernementaux afin de procéder aux travaux et que ceux-ci se déroulent dans le plus grand respect de toutes les lois », a-t-il conclu.

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