Le conseil a tout de même autorisé la délivrance du permis de construction à sa dernière séance publique de l’année, le 21 décembre, par décision unanime. Il n’a pas été mentionné à cette occasion que la tenue du registre était déjà acquise. C’est après la séance que l’information a été confirmée par le maire, Claude Corbeil, et le directeur général, Louis Bilodeau, à la suite d’une question du COURRIER. La date de ce registre n’est pas encore déterminée, mais il ne se tiendra évidemment pas durant les Fêtes, ont-ils assuré, ce qui nous mène quelque part en début d’année.
Si suffisamment de signatures sont recueillies lors de la tenue de ce registre, les citoyens du secteur pourraient ensuite avoir à trancher par scrutin référendaire. Toute cette procédure découle du fait que le promoteur doit passer par une demande d’autorisation de projet particulier de construction d’un immeuble, car son projet ne respecte pas le zonage actuel, entre autres en matière de hauteur permise.
On ignore les motivations des citoyens qui ont fait la demande de tenue d’un registre, mais dans la consultation écrite qui avait été organisée précédemment par la Ville, la hauteur de l’immeuble revenait clairement comme l’élément qui dérange le plus. « Je trouve incohérente une telle construction de 14 étages dans ce secteur de la ville », avait écrit un citoyen. « Cet immeuble ne respecte pas l’échelle humaine et n’encourage pas le bon voisinage », a aussi partagé une autre personne.
Rappelons que l’immeuble projeté ferait 44 mètres dans sa portion la plus haute (14 étages), ce qui est comparable à l’Hôpital Honoré-Mercier. Un total de 348 unités résidentielles est prévu dans ce projet, en plus d’espaces commerciaux au rez-de-chaussée et d’un stationnement intérieur. On parlait en novembre d’un investissement de 60 M$.
Des précédents?
La démarche enclenchée avec la demande de tenue de registre ressemble en certains points à celle qui s’est déroulée cet été dans le quartier Bois-Joli. Des citoyens en avaient contre certaines caractéristiques du Quartier M, projet du Groupe Robin sur l’avenue des Grandes-Orgues, particulièrement la densité et l’augmentation de la circulation qui en résulterait.
Dans ce dossier, le promoteur avait réussi à éviter d’aller jusqu’en référendum de secteur en recueillant suffisamment de signatures de citoyens qui renonçaient à cette étape. Le changement de zonage a donc été autorisé.
Autre avenue possible, la Ville peut aussi à tout moment simplement retirer l’adoption du règlement concerné. C’est ce qu’elle avait fait en 2017 après qu’un registre eut été remporté par ceux qui s’opposaient à la démolition de trois immeubles à logements de la rue Marguerite-Bourgeoys pour faire place à du stationnement. Ce retrait stratégique n’a pas empêché la Ville de procéder à la démolition quelques mois plus tard, avant de régulariser l’usage de stationnement à cet endroit par la suite.
Quant au Groupe Maurice, il a déjà fait face à certaines inquiétudes citoyennes dans le cadre de l’élaboration d’un projet similaire, pas très loin d’ici, à Beloeil. Annoncée en 2017, la résidence projetée, qui aurait compté 325 unités sur six étages, n’a finalement jamais vu le jour. Deux soirées d’information organisées par le promoteur avaient alors attiré 600 personnes, selon L’Oeil Régional. Devant les inquiétudes soulevées quant à la hauteur et à l’orientation du bâtiment, le Groupe Maurice avait préféré suspendre son projet plutôt que de « forcer les choses », rapportait alors l’hebdomadaire.