Après deux semaines d’incertitude, le maire a présenté cette option comme le compromis qui est ressorti de sa rencontre entre les partisans et les opposants à la piétonnisation de cette artère du centre-ville. La section concernée reste la même, soit entre les avenues Duclos et Saint-Joseph, a précisé la Ville.
Dans sa première forme, le projet pilote annoncé par la SDC centre-ville le 19 mai prévoyait plutôt rendre la Cascades piétonne sept jours sur sept du 25 mai au 31 août. À peine dévoilé, ce scénario a suscité une levée de boucliers chez certains commerçants, incitant la Ville à décréter une pause dans le dossier le temps de revoir le projet. Une vague de soutien envers la piétonnisation du centre-ville s’est aussi formée en parallèle, déclenchant ensuite un débat plus large au sein de la population maskoutaine.
Fini la chicane…
Après son annonce de lundi, M. Corbeil s’attend maintenant à ce que la piétonnisation de la rue des Cascades se déploie coûte que coûte le 2 juillet. « C’est réglé, ça ne changera plus », a-t-il affirmé, appelant à « rallier le maximum de personnes » autour de ce projet pilote. « On va en faire un succès », a-t-il prédit. Il a également admis qu’il « rêve d’avoir une rue piétonne » au centre-ville depuis son arrivée à la mairie.
L’autre fervent défenseur du projet, et même son initiateur, le conseiller Jeannot Caron, est apparu visiblement irrité de voir la formule ainsi diminuée. « Aujourd’hui, ce que mes collègues me passent comme message, c’est que je n’ai pas fait mon travail comme il faut », a-t-il accusé, se disant pourtant convaincu du contraire. « J’ai toujours pris des décisions pour le bien commun de notre centre-ville », a-t-il déclaré.
M. Caron avait affirmé plus tôt tenir mordicus à une rue piétonne à longueur de semaine. Il tenait aussi à voir le projet démarrer rapidement afin d’assurer la sécurité des citoyens qui circulent au centre-ville, actuellement confinés à des trottoirs trop étroits pour respecter le deux mètres de distanciation, faisait-il valoir.
Le fait que le maire organise lui-même une rencontre entre les intervenants concernés la semaine dernière, après que le conseil eut pris position en séance plénière, a également paru le heurter. Ce n’était pourtant pas « une réunion de réprimande », a indiqué Claude Corbeil pour calmer le jeu. « Vous faites du bon travail. Je suis fier de vous et je suis derrière vous », a-t-il assuré à l’élu du centre-ville.
Le conseiller Caron a tout de même laissé sa rancœur de côté pour appeler au ralliement de tous derrière ce projet. « Je demande à tous ceux qui étaient contre d’arrêter. C’est fini cette chicane-là. […] On est en train de se déchirer à travers ce projet-là. Ce n’est pas normal », a-t-il tonné, recueillant les applaudissements de ses collègues.
Un tour de table
Ceux-ci ont d’ailleurs presque tous donné leur opinion sur le sujet à l’occasion de la période d’information des élus, une pratique rarissime à Saint-Hyacinthe.
La position de Linda Roy (Saint-Thomas-d’Aquin) semblait proche de son collègue du centre-ville puisqu’elle a révélé être contre le report du projet en juillet, plaidant qu’il faudrait plutôt s’assurer de faire « respecter la distanciation », une position appuyée également par sa collègue Stéphanie Messier (Saint-Joseph). Pierre Thériault (Yamaska) a aussi plaidé en faveur de la piétonnisation de la Cascades « le plus tôt possible », mais a quand même indiqué « respecter l’entente » qui repousse le projet en juillet.
À son tour, André Beauregard (Douville) s’est réjoui du consensus obtenu, mais il a admis avoir un mea culpa à faire. Le conseil « a voulu aller trop vite et n’a pas assez consulté », selon lui. « Si nous voulons conserver notre beau centre-ville, nous devons conserver nos commerçants », a-t-il aussi énoncé, y allant d’une comparaison peu flatteuse envers Drummondville, qui est récemment allée de l’avant avec un projet de piétonnisation. « La saveur du jour, c’est Drummondville, mais j’y suis allé hier [dimanche]. C’est un centre-ville qui, quant à moi, est sans âme », a-t-il laissé tomber. Il n’a guère été impressionné par l’affluence qu’il a constatée, a-t-il également ajouté.
Annie Pelletier (Saint-Sacrement) a indiqué avoir toujours été en faveur d’un tel projet. « J’espère que la rue piétonnière va demeurer et qu’on va la revoir l’année prochaine », a-t-elle souhaité. Donald Côté (Sainte-Rosalie) s’est rallié au projet présenté, disant que le temps supplémentaire permettra de « s’organiser correctement pour ne pas que ce soit un fiasco ». « J’aurais aimé le voir plus tôt », a-t-il tout de même glissé.
Enfin, le doyen Bernard Barré (La Providence) a essentiellement félicité son collègue du centre-ville, qui s’est « investi beaucoup » dans un dossier qui était pourtant « miné et explosif ». Il a néanmoins affirmé qu’en tant que piéton, il n’a « pas vraiment senti de danger » à se promener sur les trottoirs de la Cascades. Il a ajouté prendre acte de « l’appel à l’aide » des commerçants et s’est rangé du côté du consensus annoncé.
Seuls Claire Gagné (Bois-Joli) et David Bousquet (Sacré-Cœur) ne se sont pas prononcés.