28 novembre 2013 - 00:00
Enseignante sans brevet à l'école BJSC
Le MELS laisse tomber le couperet après sept ans
Par: Le Courrier
L'enseignante d'espagnol Florencia Molina a été forcée de quitter son emploi à l'école Bois-Joli-Sacré-Coeur, car elle contrevenait à la Loi sur l'instruction publique en ne détenant pas de brevet d'enseignement.

L'enseignante d'espagnol Florencia Molina a été forcée de quitter son emploi à l'école Bois-Joli-Sacré-Coeur, car elle contrevenait à la Loi sur l'instruction publique en ne détenant pas de brevet d'enseignement.

L'enseignante d'espagnol Florencia Molina a été forcée de quitter son emploi à l'école Bois-Joli-Sacré-Coeur, car elle contrevenait à la Loi sur l'instruction publique en ne détenant pas de brevet d'enseignement.

L'enseignante d'espagnol Florencia Molina a été forcée de quitter son emploi à l'école Bois-Joli-Sacré-Coeur, car elle contrevenait à la Loi sur l'instruction publique en ne détenant pas de brevet d'enseignement.

L'école primaire Bois-Joli-Sacré-Coeur (BJSC) a été secouée la semaine dernière alors que son enseignante d'espagnol dû quitter ses fonctions en cours d'année scolaire. Le ministère de l'Éducation (MELS) a refusé d'émettre une 8 e tolérance d'engagement à Florencia Molina, embauchée il y a sept ans sans brevet d'enseignement.

Originaire de l’Argentine, Mme Molina détient un baccalauréat en langues anglaise et espagnole, émis dans son pays, lequel n’est pas reconnu par le MELS.

Pour cette raison, l’école BJSC devait demander, tous les ans, une tolérance d’engagement au Ministère afin que la professeure, jugée très compétente par l’établissement, puisse conserver son droit d’enseigner, bien qu’elle ne détienne pas de permis. Chaque année, le MELS délivre bon nombre de ces tolérances d’engagement afin de contrer la pénurie d’enseignants qui sévit, surtout dans les domaines spécialisés. Un tel laissez-passer s’obtient cependant après que la commission scolaire ait démontré qu’elle était incapable d’embaucher un professeur détenteur d’un brevet d’enseignement.À la fin de l’année scolaire 2012-2013, après l’obtention de sept tolérances d’engagement pour Mme Molina, la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) avise l’enseignante qu’elle ne pourra pas reprendre son poste à la rentrée suivante, car elle ne respecte pas les conditions d’émissions de l’autorisation provisoire. En effet, la tolérance d’engagement s’accompagne d’une obligation : celle de retourner sur les bancs d’école dans un délai de cinq ans afin de terminer les études menant au brevet d’enseignement. Il a été impossible de savoir pourquoi Mme Molina avait bénéficié d’un sursis de sept ans, plutôt que cinq, puisque le Ministère n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue. « Nous avons tout fait pour garder Mme Molina, mais lorsque le MELS a autorisé la 7 e tolérance d’engagement, il nous avait avertis qu’il avait été très généreux jusqu’à maintenant », indique Chantal Langelier, directrice des ressources humaines à la CSSH. En août dernier, la CSSH se vit toutefois dans l’obligation de demander à Florencia Molina de réintégrer son poste, car l’organisation n’avait pas trouvé de remplaçant qualifié. Deux mois plus tard, le MELS a refusé d’émettre une tolérance d’engagement supplémentaire puisque Florencia Molina n’avait toujours pas intégré une formation universitaire. Devant cette opposition du Ministère, l’enseignante a dû se contenter d’une tâche d’enseignement incomplète – 33 % et un tiers plutôt que 80 % – laquelle fut atteinte en novembre. Mme Molina a fait ses adieux aux élèves de l’école BJSC le 7 novembre, après avoir complété ses derniers bulletins scolaires.

Un long chemin de croix

Arrivée au Québec en 2004 en tant qu’immigrante économique, Florencia Molina dénonce les lacunes entourant la reconnaissance des diplômes étrangers au Québec et les difficultés qui en découlent.

« Le Québec m’a recrutée, car je représentais une main-d’oeuvre qualifiée et voilà que pour des raisons administratives, je vais me retrouver au chômage. J’étais consciente qu’il faudrait un moment avant que mes compétences soient reconnues, mais je ne m’attendais pas à ce qu’on me demande de reprendre intégralement ma formation d’enseignante », déplore-t-elle. Elle affirme aussi avoir tenté un retour aux études universitaires, lequel s’est soldé par deux échecs. Un baccalauréat en pédagogie représentant quatre années d’études est nécessaire pour obtenir un brevet d’enseignement. « À l’université Bishop’s, on trouve que je suis trop qualifiée pour suivre une formation en enseignement et que m’accepter reviendrait à enlever une place pour un étudiant qui en aurait vraiment besoin. À l’université Sherbrooke, j’aurais aimé m’inscrire au programme offert en alternance travail-études, mais puisque mon baccalauréat n’est pas reconnu ici, je n’ai pas assez de crédits pour me joindre à la formation », explique l’enseignante, découragée, qui cumule 23 années d’expérience. « Il y a un véritable problème bureaucratique. Je veux enseigner et on m’en empêche », s’insurge Mme Molina, qui encourage tous ceux qui vivent un cas similaire à dénoncer leur situation. Son inquiétude a trouvé écho chez les parents des élèves inscrits au volet langue de l’école BJSC. Dans un courriel adressé au COURRIER, la mère d’une élève a d’ailleurs dénoncé la rigidité du MELS à reconnaître les compétences de Mme Molina de même que sa décision de « la retirer sans penser aux conséquences que ça aura sur les enfants ». La directrice de l’école BJSC, Catherine Bassaler, reconnaît que le départ de Florencia Molina est « une perte. Elle était ici depuis sept ans et on croyait que la tolérance serait à nouveau approuvée. Il y a eu un problème de communications dans ce dossier ». Elle assure toutefois qu’une enseignante qualifiée a été embauchée et qu’aucun cours d’espagnol ne manque à l’horaire des élèves.

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