31 décembre 2015 - 00:00
Le monument
Par: Martin Bourassa

Les fins d’année ont le don de nous arracher des êtres chers et de ­précieux Maskoutains. ­L’année 2015 ne fera pas ­exception.

Sans se livrer à une revue ­exhaustive, on se souviendra que René ­St-Hilaire avait été emporté un 28 ­décembre 2010, tout comme le p’tit cousin Germain Larivière le 29 décembre l’an ­dernier. Cette année, c’est au tour d’un ­ancien maire de Saint-Hyacinthe, Clément Rhéaume, de nous quitter pour ce monde que nous croyons forcément meilleur, à l’âge de 88 ans. À la mairie, il avait pris la relève de Pierre-André Hamel en 1980. Il a tenu la barre jusqu’à sa défaite aux mains de Claude Bernier en 1992. Un règne de 12 ans, ce n’est quand même pas rien.

Mais pour les Maskoutains de 45 ans et moins, le souvenir de Clément Rhéaume est malheureusement assez vague, tout comme son héritage. On retient davantage les circonstances de sa dernière défaite électorale et le fameux arc de l’Espace ­maskoutain. Ces deux éléments ont fait beaucoup d’ombre sur tout le reste. Il aura fallu le communiqué de presse de la Ville annonçant son décès pour que revienne entre autres à la mémoire collective sa contribution et celle de son administration à la revitalisation du centre-ville et à l’élaboration de la Promenade Gérard-Côté.

Curieusement, ces deux legs ont manqué un peu d’amour ces dernières années. Idem pour l’arc qui a bien mauvaise mine et qui vieillit très mal. Il y a 10 ans, M. Rhéaume avait d’ailleurs profité d’une rare sortie médiatique pour dénoncer le piètre état de l’Espace maskoutain. « J’ai honte », avait-il déclaré tout de go.

Ce monument aura été, à tort ou à raison, toujours associé à une ambition démesurée. Une ambition qui a aussi eu un prix élevé puisque les années Rhéaume ­auront vu la dette municipale atteindre un sommet inégalé. Dieu sait pourtant qu’il y a de bonnes dettes et de mauvaises dettes. Son ampleur dit rarement tout, mais elle peut assurément faire peur à bien du monde en période électorale.

M’enfin, on ne refera pas l’histoire de la politique municipale maskoutaine.

Et Clément Rhéaume s’est d’ailleurs bien gardé de se prêter à cet exercice.

Il aura été d’une trop parfaite discrétion ces 23 dernières années, se réfugiant ­derrière un opaque devoir de réserve. ­Certains ont prétendu et prétendent ­encore qu’il lui aura fallu tout ce temps pour accepter sa défaite et pardonner aux Maskoutains.

Nous ne le pensons pas. Pour ce que nous connaissons de cet homme, il a toujours eu trop à cœur sa ville et le bien-être de sa ­communauté pour lui en tenir rigueur.

Et il aimait trop ses enfants et ses petits-enfants pour se morfondre pendant toutes ces années dans l’amertume et la rancune. S’il avait tourné la page de sa vie et de son engagement publics, il était resté un homme apprécié et respecté de la majorité.

Mais jouer à la belle-mère, très peu pour lui. Il n’était pas fait de ce bois-là et préférait garder ses opinions et ses impressions pour lui, ou pour ses proches.

C’est tout à son honneur.

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