8 Décembre 2016 - 00:00
Le Père Barrette
Par: Martin Bourassa

C’est Noël avant le temps à Saint-Hyacinthe. Après des années d’attente et de tergiversations, Québec et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, viennent de consentir à moderniser et à agrandir l’urgence de l’hôpital Honoré-Mercier. Champagne!


Il est question d’un projet colossal qui pourrait atteindre 45,3 M$. Il permettra de multiplier par cinq l’espace actuel. C’est dire à quel point nos installations vétustes et peu sécuritaires étaient plus que dues pour une bonne mise aux normes.

Pour les médecins, le personnel médical et le personnel tout court, voilà une sacrée bonne nouvelle, voire une grandiose nouvelle. La meilleure, et de loin, depuis qu’on a chassé toutes les moisissures de cet hôpital, sans pour autant revamper son urgence pour des considérations monétaires au tournant des années 2000.

On trouvait déjà la facture anti-moisissure salée à 140 M$, alors on avait remis à plus tard la rénovation de l’urgence. Et le plus tard a fini par arriver la semaine dernière grâce aux efforts conjugués du Père Barrette et de la bonne fée Soucy, en référence au travail acharné de la députée de Saint-Hyacinthe dans ce dossier.

Il est bon et rassurant à la fois de constater que parfois, nous écrivons bien parfois, les investissements du gouvernement peuvent être accordés au mérite, sans considération, calcul ou couleur politique. On trouvera peut-être un peu d’opportunisme en creusant un peu, mais si peu. Et les malades dans tout ça, dites-vous?

Les patients devront de toute évidence continuer à l’être.

Les investissements annoncés pour agrandir notre urgence ne soigneront pas tous ses bobos comme par magie. On réorganisera ce qui représente le cœur et les poumons de l’hôpital, mais on n’ajoutera aucune ressource ou civière de plus aux 26 places au permis. Non, il n’y aura pas plus de médecins sur le plancher, même si celui-ci sera cinq fois plus vaste. En théorie donc, le temps d’attente ne sera pas plus court. 

Mais en pratique, il y a fort à parier que cette vaste opération aura un effet certain sur la qualité, l’efficacité et la rapidité des soins. Une urgence moderne pourrait aussi faciliter le recrutement de spécialistes et la rétention de personnel.

Le gros problème de notre urgence n’a jamais été tant sa capacité de répondre efficacement à la demande. En 1990, le directeur général de l’hôpital, Robert Busilacchi, estimait que « notre problème n’est pas l’organisation des ressources, mais le manque d’espace ». De toute façon, la capacité de l’urgence n’est qu’un indicateur comme un autre. Dans la vraie vie, ce repère de 26 civières est très souvent dépassé, même plus souvent qu’autrement. Sa capacité n’a pas été ajustée depuis au moins 25 ans. Dans nos archives, on retrouve la trace du 26 aussi loin qu’en 1992.

Parlant de traces dans nos archives, précisons que le dernier investissement digne de ce nom à notre urgence remontait au mois de mai 1993 avec la première pelletée de terre de l’urgence actuelle, d’une somme modeste de 5,4 M$. Ces travaux, l’équivalent d’un diachylon sur une hémorragie, n’avaient rien réglé. Il est permis de croire qu’il en sera autrement cette fois-ci.

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