Hypothéqué par des ennuis de santé depuis qu’il avait combattu un cancer de la langue il y a une bonne quinzaine d’années, il s’est éteint paisiblement entouré des siens, dont Johanne Donais, sa compagne des quelque 40 dernières années. Il laisse aussi dans le deuil quatre enfants et quatre petits-enfants.
« Mon Jacques a tout donné ce qu’il avait à donner jusqu’à la fin. C’est un farouche combattant et il est parti comme il le souhaitait, avec tout son monde autour de lui ou par Facetime. Il n’avait plus d’énergie à la fin, il s’est rendu au bout du rouleau », a confié Mme Donais au COURRIER en début de semaine.
Elle souhaite que les Maskoutains qu’il a tant aimés et pour lesquels il s’est autant démené toute sa vie durant retiennent de lui que « c’était un homme bon qui aimait la vie, un homme juste, un travailleur acharné et passionné. »
Un pionnier
Des passions, Jacques Bilodeau en aura cultivé plusieurs toute sa vie durant, à commencer par la télévision locale, les papillons, la pêche, la peinture et le golf. C’est toutefois pour son travail de pionnier à la télévision communautaire pendant une trentaine d’années qu’il a marqué les esprits et laissé une trace indélébile dans la petite histoire des médias maskoutains.
Pour la petite histoire justement, on retiendra que ce designer industriel de formation a tourné le dos à une carrière à la GoodYear au milieu des années 1970 pour offrir ses services à Roger Duceppe et Lucien Caron, les deux cofondateurs de Télé Câble Saint-Hyacinthe, pour prendre en main la télé communautaire. Il la dirigera de main de maître à titre de directeur et homme à tout faire derrière la caméra et à l’écran jusqu’à sa retraite en 2003.
Sous sa gouverne, l’innovation n’aura de cesse. Dès le départ lui vient l’idée de diffuser les messes en direct de la cathédrale et les assemblées publiques du conseil municipal de la Ville de Saint- Hyacinthe. Parmi ses faits d’armes, il y aura entre autres la présence des caméras maskoutaines à Rome pour la béatification de Mgr Moreau en 1988, la retransmission de l’ordination de Mgr François Lapierre et ses images tournées lors de la crise du verglas.
Proche du disparu, l’ancien rédacteur en chef du Courrier de Saint-Hyacinthe, Pierre Bornais, pleure la perte d’un grand ami et non d’un ancien compétiteur. À son retrait du COURRIER au milieu des années 1990, il avait d’ailleurs accepté de siéger à un comité consultatif pour assurer la qualité, le développement et le renouvellement de la télévision communautaire à Saint-Hyacinthe.
Outre M. Bornais, ce comité de sages regroupait aussi Roger Duceppe, l’abbé Jean Corbeil, Chantal Frigon, Manon Boucher, Simon Cusson, André Brochu, Julie Potvin et Réjean Pion.
« Je vois partir avec peine un homme qui a été très présent pour la communauté maskoutaine, un ami et un fidèle compagnon de voyage, a témoigné Pierre Bornais. Notre amitié est née sur le terrain à force de nous côtoyer et je n’ai jamais vu Jacques comme un concurrent. Je m’occupais des mots et lui des images, nous étions complémentaires. Cette amitié a traversé le temps. Nous avons dû faire au fil des ans une douzaine de voyages mémorables ensemble. »
Son souhait
Lors des célébrations entourant le 25e anniversaire de la télévision communautaire locale, en novembre 2000, Jacques Bilodeau n’avait pas caché sa fierté devant tout le chemin parcouru par son bébé. « Je suis fier de l’évolution de notre télé communautaire. C’est une télévision qui se tient et qui apporte quelque chose aux gens. Je suis également fier de dire que nous avons innové au Québec, en étant les premiers à présenter les assemblées du conseil et à diffuser la messe sur une base quotidienne. Tout ce que je souhaite, c’est qu’elle continue d’évoluer, surtout au niveau du contenu. L’important, c’est que la télé doit être faite dans la communauté, pour la communauté. »
Sa seconde passion
Depuis sa retraite de la télé communautaire, ce grand observateur du monde qui l’entoure avait pu donner une impulsion nouvelle à sa fascination pour les papillons et les insectes, une passion qui lui aura donné des ailes pendant plus de 50 ans. Sa collection personnelle comptait pas moins de 10 000 spécimens provenant de quelque 45 pays. Il avait eu l’occasion d’offrir des conférences dans les écoles primaires et secondaires ainsi qu’au Jardin Daniel A. Séguin de Saint-Hyacinthe dans le cadre de l’activité Bienvenue monarque!
Une bonne partie de sa collection a d’ailleurs été acquise par le Jardin afin que l’œuvre de Jacques Bilodeau puisse continuer à rayonner.
Les funérailles de M. Bilodeau seront célébrées le dimanche 2 février à la Résidence funéraire Mongeau de Saint- Hyacinthe, rue Girouard Ouest, où la famille sera présente dès 13 h. Une liturgie de la Parole sera célébrée à la chapelle dès 16 h, suivie de la mise en place au columbarium.