Gérard Perreault est né le 22 mars 1915 à Saint-Jude. Il est le fils d’Alphonse Perreault, cultivateur, et de Clara Delorme. Il a été baptisé par le curé Elphège Filiatrault, considéré comme le créateur du Carillon moderne, l’ancêtre du drapeau québécois. Il vient d’une famille de quinze enfants, dont dix appartiendront à des communautés religieuses.
Gérard fait ses études au Séminaire de Saint-Hyacinthe entre 1931 et 1937. Il devient membre de la Société des Pères Blancs et est ordonné prêtre à Ottawa en 1942. Il dit sa première grand-messe solennelle dans l’église de Saint-Jude, le dimanche 28 juin 1942. Il s’installe alors au monastère de Montréal. Deux ans plus tard, il quitte le Québec pour se rendre à Alger. L’édition du Courrier du 2 juin 1944 souligne le départ du jeune prêtre pour les contrées lointaines de l’Afrique.
D’Alger, le Père Perreault se rend en Ouganda où se déroulera toute sa carrière ecclésiastique. Les Pères Blancs d’Afrique comptent une centaine de missionnaires en Ouganda. Ils s’occupent d’évangélisation et d’éducation. Ils dirigent le petit et le grand séminaire de Kampala, deux institutions qui favorisent la formation de prêtres africains qui auront la mission d’assurer la relève pastorale dans leur pays. En Ouganda, les Pères Blancs sont sous la responsabilité de l’archevêque de Kampala, Louis-Joseph Cabana, natif de Granby. En 1955, les deux hommes quittent l’Afrique pour venir se reposer quelques mois au Québec, après quoi ils retournent en Ouganda.
Le 25 janvier 1971, comme il le faisait souvent, le Père Perreault se rend à l’aéroport d’Entebbe pour aller chercher ou reconduire des confrères. Malheureusement, cette journée marquera l’histoire du monde à cause de la prise du pouvoir par Idi Amin Dada, considéré comme l’un des dictateurs les plus sanguinaires de l’histoire de l’Afrique. Amin Dada, général en chef de l’armée ougandaise, profite du fait que le président Milton Obote est en voyage à Singapour à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth pour s’emparer du pouvoir.
Amin Dada et le président Obote ne s’entendaient plus depuis longtemps. Amin Dada n’appréciait pas le mouvement de plus en plus marqué du gouvernement vers la gauche et le socialisme. De plus, Obote était partisan d’une politique nationaliste africaine, désirant couper les ponts avec le gouvernement britannique, ce qui déplaisait à Amin Dada. Mais plus que ces facteurs, ce qui décide le général à agir en ce 25 janvier 1971, c’est qu’il vient d’apprendre que le président Obote, dès son retour de Singapour, a l’intention de l’arrêter pour détournement des fonds de l’armée. L’armée s’empare alors du pouvoir et prend d’assaut les endroits névralgiques du pays, dont les aéroports. C’est ainsi que le Père Perreault et ses compagnons d’infortune sont pris entre deux feux et reçoivent une salve de mitraillette.
L’Ouganda déplore ces pertes qu’elle juge accidentelles, ce qu’accepte le gouvernement du Canada qui ne veut pas ajouter de l’huile sur le feu alors que la situation est toujours tendue en Ouganda. Les dépouilles des Pères Perreault et Demers ne seront pas rapatriées au Canada et leurs sépultures se trouvent en Ouganda où ils ont œuvré durant la majeure partie de leur vie.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
