Quand François Legault se réjouit : « Le pire est derrière nous! », je me méfie. De toute façon, dès qu’un politicien se réjouit, je me méfie. C’est plus pratique. Et pour ce qui est du pire, un des pires endroits où il pourrait être est justement « derrière nous ». C’est là que le pire est à son meilleur! Il n’attend d’ailleurs que ça, qu’on lui tourne le dos pour nous faire tomber en pleine face.
Et moi qui croyais qu’avec la crise des finances publiques, le vieillissement de la population et les changements climatiques, le pire était plutôt devant nous. Mais si Legault dit qu’il est aussi derrière, ça veut dire qu’on est encerclés? Au secours!
Je vous taquine. Je sais bien que lorsque le premier ministre exprime « le pire est derrière nous », il parle de la pandémie et que son discours sert plus à préparer le meilleur, ou le pire c’est selon, c’est-à-dire les prochaines élections. Il dit ce que les gens veulent entendre, mais avec d’autres mots que « Ça va bien aller ». En proclamant que le pire est derrière nous, François « Sunny ways » Legault nous promet un avenir radieux, des places en garderie, des médecins de famille, de l’argent pour le communautaire, des chars verts et des licornes gratuites pour tout le monde!
Au fond, c’est commode de dire que le pire est derrière nous. Ça évite de penser qu’il soit ailleurs. Peut-être même plus près qu’on ne le croit, drette entre nos deux oreilles quand nous votons pour des gouvernements qui n’ont de cesse de couper dans les services, flatter la bedaine de la grosse business et étendre de l’asphalte sur les rainettes faux-grillons. Pour après se demander pourquoi ça n’a PAS bien été? C’est ben ça qui est le pire.