17 juillet 2025 - 03:00
Après 41 ans de services
Le pompier Pierre Jolin range son uniforme
Par: Adaée Beaulieu
Ne désirant pas laisser la flamme de la passion s’éteindre complètement avant de tourner la page, le pompier Pierre Jolin, qui a travaillé au Service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe pendant 41 ans, a décidé de tirer sa révérence le 26 juin. Il laisse derrière lui « le plus beau métier du monde » qui lui aura appris à devenir un chef de peloton sur qui tous pouvaient compter.

« Depuis le début de l’année, je voyais que je n’avais plus autant le désir d’aller sur les incendies et je ne pouvais pas demander à mon équipe d’être présente si je ne l’étais pas », a confié M. Jolin, qui a été chef de peloton durant les 18 dernières années de sa carrière.

Pour lui, la passion et la curiosité sont les qualités essentielles pour être un pompier engagé. La résilience face aux épreuves fait grandir, dit-il. Au fil des années, il aura donc appris à être rigoureux, à se faire confiance, à écouter son instinct, à être bienveillant envers ses collègues et à confier ses émotions. « Lors de mon départ, plusieurs collègues et anciens collègues sont venus me voir et, ça, c’est vraiment ma réussite », a-t-il souligné visiblement ému. Il a rappelé qu’un combat mené seul ne vaut rien.

« Quand le chef de division Jacques Desrosiers m’a engagé en 1982, il m’a demandé pourquoi je désirais être pompier et je lui ai répondu que je voulais aider les gens et qu’ils se sentent rassurés. Je peux maintenant dire que j’ai atteint mon objectif », a-t-il renchéri en mentionnant que ses collègues avaient reconnu qu’il était vraiment un gentleman envers les citoyens.

Un métier qui a évolué

Lorsque Pierre Jolin s’est engagé cœur et âme dans ce métier à l’âge de 21 ans, encouragé par des amis pompiers, la réalité était bien différente de maintenant. Avant le blitz de recrutement de 25 employés, dont il a fait partie en 1982, seulement une quinzaine de pompiers travaillaient au Service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe. Aujourd’hui, ce sont 75 à 80 pompiers qui composent l’équipe et il ne reste qu’un seul vétéran de cette époque.

C’est l’incendie au Vieux Saint-Antoine, au centre-ville, en 1981, qui avait motivé la Ville à procéder à une embauche massive. « Je n’avais aucune formation quand j’ai été engagé. J’ai appris sur le tas avec une formation de base. J’étais pompier auxiliaire au départ, ce qui n’existe plus aujourd’hui », a expliqué M. Jolin. Il a travaillé 23 ans à temps partiel avant de devenir cadre. Entre-temps, il a aussi eu l’occasion de se joindre à l’équipe nautique qui a vu le jour au début des années 2000. « En tant que pompier, nous apprenons toujours, notamment avec les spécialités comme celle-là », a-t-il mentionné.

C’est aussi en tant que pompier à temps partiel que Pierre Jolin a été confronté à deux événements marquants qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire : l’incendie du Collège Saint-Maurice en 1992 et la crise du verglas en 1998. « J’ai été impressionné de l’ampleur de l’incendie du Collège Saint-Maurice et de la chaleur intense qui s’en dégageait. Nous pouvions sentir son rayonnement sur notre peau même à l’extérieur », a-t-il raconté. « Puis, pendant la crise du verglas, nous avons travaillé presque sans relâche pendant 30 jours », a-t-il ajouté.

Bien qu’il ne le réalisait pas lorsque l’adrénaline embarquait, il prend maintenant conscience que ce fut difficile de laisser régulièrement sa famille pour aller aider d’autres personnes qui vivaient des drames. Heureusement, il n’a jamais craint pour sa vie et n’a jamais vu quelqu’un mourir sous ses yeux dans un incendie. « Nous étions bien formés et nous savions évaluer les risques. Jacques Desrosiers, qui m’a embauché, disait : “Il vaut mieux un zéro vivant qu’un héros mort!” »

Il était toujours motivé à intervenir sur le terrain lorsque son téléavertisseur sonnait. « Le feu, c’est quelque chose de vivant. Il nous parle et nous donne des signes qui nous indiquent plein d’éléments », a-t-il affirmé. D’ailleurs, dans les trois dernières années, il a formé de nombreux jeunes pompiers, car environ une trentaine ont été embauchés. Il leur a appris que le meilleur truc en arrivant sur un incendie est d’observer le bâtiment, car la façon dont l’incendie s’y déroule révèle bien des choses.

Bien qu’il ne croie pas que les pompiers de la jeune génération feront des carrières de plus de 40 ans comme lui, alors que la conciliation travail-famille est de plus en plus importante, il croit au potentiel de ses anciens collègues. « Les pompiers de Saint-Hyacinthe veulent performer, y arrivent et sont curieux. Ils vont me manquer. C’est sûr que je ferai des petites visites à la caserne de temps en temps », a-t-il conclu.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image