L’ex-vice-président Martin Benoit, ayant occupé un poste d’administrateur pendant 10 mois, a annoncé sa démission le 31 mars dernier par le biais d’une longue missive, dont nous avons obtenu copie, adressée à l’ensemble des administrateurs.
Son intention, selon ses propres mots, « était de lever le voile sur des pratiques qui minent la crédibilité du conseil d’administration ». Il évoque des problèmes en séance plénière, en dehors des réunions et au comité exécutif. Dans un contexte de reconstruction, il a fait savoir qu’il ne se sentait plus à l’aise de siéger en tant qu’administrateur.
« Je ne pense pas que le travail des bénévoles sur le conseil d’administration du cégep puisse changer les choses et remettre le bateau à flot. Ça demande trop de travail en surplus. La situation commande un redressement fait par des gens complètement dédiés à la cause et ayant la légitimité de prendre des décisions épineuses », concluait-il dans sa lettre de démission.
Joint par LE COURRIER, M. Benoit a refusé de nous accorder une entrevue.
Le départ du vice-président a été suivi quelques jours plus tard par celui du président du conseil d’administration, Joseph Noumbissi. Président depuis janvier 2024, il n’a jamais répondu nos courriels.
Pour lui succéder, le conseil d’administration a nommé Thuy Hong Loan Luu à la présidence. Représentante du secteur socioéconomique à la table du conseil d’administration du Cégep, elle travaille au Centre hospitalier de l’Université de Montréal depuis près de 22 ans. Elle n’en est pas à sa première présidence alors qu’elle a occupé ce poste pour l’Ordre des technologistes médicaux du Québec, de 2020 à 2024.
On nous a refusé une entrevue avec Mme Loan Luu en prétextant qu’elle doit prendre le temps nécessaire pour se familiariser avec les dossiers liés à la présidence et à la gouvernance de l’établissement. La directrice générale adjointe du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, Karina St-Germain, a pour sa part été nommée vice-présidente du conseil d’administration du Cégep de Saint-Hyacinthe pour combler le départ de M. Benoit.
Coup de théâtre
À l’interne, le départ des deux administrateurs a été perçu comme « un véritable coup de théâtre », selon le représentant du Syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe, Mathieu Royer. « On n’a jamais su les raisons exactes. On n’a pas encore eu de contact avec les personnes élues », mentionnait-il au COURRIER à la fin avril.
La relation entre le syndicat et Joseph Noumbissi était bonne, dit M. Royer. « Dès la parution du rapport du Ministère sur la gouvernance du Cégep, on a eu des rencontres avec M. Noumbissi. On sentait qu’il voulait éteindre le feu et rebâtir le collège. En compagnie du vice-président, il avait répondu à toutes nos questions. On sentait qu’ils étaient transparents. Ce qui avait été bâti avec eux, il faudra le refaire avec les nouveaux administrateurs », mentionne-t-il.
Le syndicat espère que la nouvelle présidente sera à l’écoute des employés, qu’elle posera des questions et qu’elle prendra à cœur les responsabilités de chacun tout en maintenant une relation d’ouverture et d’écoute. Mais avant tout, il souhaite que le conseil d’administration se positionne sur le lien d’emploi du directeur général, Emmanuel Montini, qui est en congé maladie depuis mai 2023.
« On reste vigilant. On espère que notre demande de le démettre de ses fonctions soit prise au sérieux. On comprend que c’est une situation complexe. C’est notre inquiétude numéro un, la question qui revient tout le temps de la part de nos membres », poursuit M. Royer.
Le directeur des communications du cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Simon Savignac, a confirmé que le Ministère demeurait impliqué dans le dossier de la gouvernance du Cégep de Saint-Hyacinthe, sans toutefois entrer dans les détails. Rappelons que le ministère de l’Enseignement supérieur avait commandé une enquête indépendante, dont le rapport publié à l’automne avait permis de lever le voile sur des lacunes dans la gouvernance.
« Les équipes du Ministère sont toujours mobilisées pour accompagner le Cégep dans ses démarches visant à rétablir une stabilité dans la gouvernance et dans sa réponse aux recommandations du rapport d’enquête. La priorité de la ministre demeurera toujours la réussite des étudiants et elle va continuer d’assurer un suivi serré de la situation », mentionne M. Savignac.
La directrice générale par intérim du Cégep de Saint-Hyacinthe, Fanie-Claude Brien, a décliné notre demande d’entrevue. La présidente de l’Association des cadres, Mylène Potvin, a aussi refusé de répondre à nos questions.