Le point de service est exploité depuis de nombreuses années par la Société Saint-Jean-Baptiste Richelieu-Yamaska (SSJBRY). Rejoint par LE COURRIER, son coordonnateur Jean-Yves Langlois observe d’un œil inquiet le virage entrepris par la société d’État. L’entente avec Loto-Québec arrive à échéance en octobre 2017, après quoi un appel de propositions pour la gestion du kiosque sera lancé.
Les organismes à but non lucratif sont conviés au processus, a assuré par courriel Marisol Schnorr, conseillère en relations de presse chez Loto-Québec. Les critères pour évaluer les propositions comprennent entre autres « la localisation de la place d’affaires par rapport aux kiosques, l’expérience et la capacité de gestion ainsi qu’une capacité financière suffisante de l’exploitant », a-t-elle précisé.
Ainsi, un premier appel de propositions pour la gestion de dix kiosques a été remporté l’été dernier par une entreprise privée, a confirmé la société d’État. En les réattribuant par grappe de dix, il est évident que « l’immense majorité » des OSBL vont perdre leur rôle d’exploitant, et par le fait même une source de financement, a observé Jean-Yves Langlois. Selon les chiffres fournis par Loto-Québec, 47 OSBL se partagent actuellement la gestion de 109 kiosques à travers la province.
En plus de celui des Galeries St-Hyacinthe, la Société Saint-Jean-Baptiste Richelieu-Yamaska gère deux autres kiosques dans la région de Montréal. Conscient qu’il ne peut en garder seulement quelques-uns, le coordonnateur ne sait pas encore si son organisme pourrait essayer d’appliquer pour obtenir la gestion d’une dizaine de kiosques.
« Chose certaine, si on ne bouge pas, on le perd. Je me questionne en plus sur nos chances réelles [d’être sélectionné] », a ajouté Jean-Yves Langlois. Croit-il que Loto-Québec veut simplement tasser les OBNL de ses kiosques? « C’est l’impression qu’on a », a-t-il répondu.
Invitée à commenter, la députée de Saint-Hyacinthe Chantal Soucy a reconnu que cettedécision d’affaires de la société d’État apporte des « impacts importants » aux OSBL. Son parti entend « suivre de près » les prochains appels de propositions de Loto-Québec afin que les OSBL soient respectés dans le processus. « Il ne faut pas que les appels de propositions favorisent le privé », a-t-elle affirmé.
Rentable ou pas?
Loto-Québec justifie sa position par la nécessité de « dynamiser » son réseau de kiosques de loteries « en ayant un modèle de gestion actuel et optimal », a précisé Marisol Schnorr. Le ministre des Finances Carlos Letão a défendu l’orientation de la société d’État en plaidant que la plupart des kiosques ne sont pas rentables. Une affirmationvivement contestée par Jean-Yves Langlois.
« Ils ne sont pas très rentables pour nous [les OSBL], mais ce l’est pour Loto-Québec », a-t-il nuancé. Le kiosque des Galeries « performe bien » en générant des ventes de 1,2 M$ par année, a soutenu le coordonnateur de la SSJBRY, qui précise que son organisme en perçoit 6 %. Cette commission n’a jamais été indexée, mais le loyer et les salaires augmentent continuellement, ce qui fait que Loto-Québec fournit une compensation financière pour rentabiliser les opérations, a expliqué Jean-Yves Langlois. « S’il y a des problèmes de rentabilité, c’est uniquement à cause des règles du jeu fixées par Loto-Québec », a-t-il plaidé. Grâce aux contributions compensatoires, « on fait quand même un peu d’argent », a-t-il indiqué, sans dévoiler ses profits. « Ça reste de l’argent dont on a besoin », a-t-il plaidé.
Loto-Québec s’est engagée à verser une compensation équivalente à celle versée durant l’année 2015-2016 aux organismes qui perdront la gestion d’un ou de plusieurs kiosques.
Les revenus de loteries de Loto-Québec ont crû de 10 % dans la dernière année pour se chiffrer à 1,8 G$, indique le dernier rapport annuel de la société.