7 février 2019 - 10:36
Projet immobilier de luxe à Douville
Le Quartier des Pins a perdu de son lustre
Par: Martin Bourassa

L’entrepreneur Les Entreprises Gilles Duquette de Saint-Hyacinthe a fait faillite à la mi-décembre. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’entrepreneur Les Entreprises Gilles Duquette de Saint-Hyacinthe a fait faillite à la mi-décembre. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les travaux ont cessé depuis plusieurs mois sur le chantier du Quartier des Pins. Cet immeuble inachevé sera vendu sous contrôle de justice le 28 février. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les travaux ont cessé depuis plusieurs mois sur le chantier du Quartier des Pins. Cet immeuble inachevé sera vendu sous contrôle de justice le 28 février. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Lors de la pelletée de terre, en mars 2015, les qualificatifs ne manquaient pas pour décrire le Quartier des Pins, qui devait voir le jour dans le quartier Douville. Ce devait être un développement immobilier unique, haut de gamme, grandiose et qui ne ressemble à rien d’autre à Saint-Hyacinthe.

Il était question d’un investissement de plus de 65 M$ qui allait se traduire par la construction de 152 unités de condominium dans 19 bâtisses distinctes de deux à quatre étages. Or, quatre ans plus tard, la réalité est bien différente. Un seul immeuble de sept unités a levé de terre, sans avoir été complété. Les condos inachevés sont inoccupés et aucun ouvrier n’a été vu sur le chantier depuis le printemps dernier.

Ce projet développé par Alain F. Dupuis, de la firme Devinnove, impliquait dès le départ plusieurs investisseurs devenus propriétaires d’une quinzaine de lots répartis autour de la rue Carré Albany-Tetrault. Parmi ceux-ci, on retrouve Gestions Riendeau & Lévesque, Gestion Claude Lévesque, Les Entreprises Conrad Sévigny, une société de gestion appartenant à Guy Nault et une autre société dirigée par Claude Laliberté et Francine St-Germain, tous deux agents immobiliers de profession.

La plupart de ceux-ci sont d’ailleurs regroupés au sein d’une société conjointe pour assurer la gestion des travaux de construction et voir à l’aménagement des infrastructures du développement immobilier. Ces investisseurs devaient vendre leur terrain à différents entrepreneurs en construction pour assurer la mise en chantier des immeubles à condos de grand luxe. Des condos sont toujours offerts ces jours-ci sur le marché à des prix variant entre 425 000 $ et 650 000 $, selon le site Centris.ca.

Vers la faillite

Au moins deux entrepreneurs ont acquis chacun un lot dans la première phase, à savoir Construction P. Roy de Sainte-Hélène et les Entreprises Gilles Duquette de Saint-Hyacinthe. Si le premier a stoppé net la construction d’un immeuble après avoir coulé les fondations, le second s’est lancé dans la construction d’un immeuble de sept unités de condominium. Il a rendu les armes l’automne dernier avant de pouvoir le terminer.

Selon nos informations, Duquette avait une vente ferme – le couple en question n’a pas souhaité commenter le dossier – et en main trois ententes concrètes quand ces trois acheteurs potentiels ont soudainement reculé.

Joint par LE COURRIER, l’un de ceux-là a justifié son retrait en disant que l’entrepreneur a tout simplement été incapable de respecter les échéanciers convenus entre les parties.

Pris au dépourvu, Patrick Duquette n’aurait eu d’autre choix que de se résoudre à mettre l’entreprise familiale, fondée en 1987, en faillite une semaine avant Noël.

L’assemblée des quelque 70 créanciers concernés s’est tenue le 8 janvier dans les bureaux du syndic Raymond Chabot à Brossard. Au total, le passif des Entreprises Gilles Duquette s’élève à 1,3 M$, dont 1,2 M$ est dû à des créanciers non garantis, dont plusieurs PME de la région maskoutaine, selon le rapport du syndic obtenu par LE COURRIER. On retrouve également dans le lot, des créances de plus de 640 000 $ reliées directement à M. Duquette et à ses proches qui font aussi les frais de cette débâcle financière.

Parmi les autres entreprises régionales qui figurent parmi les créanciers non garantis, on retrouve entre autres Groupe Chicoine (90 000 $), Plomberie Chauffage Saint-Hyacinthe (50 000 $), Les immeubles SS Lévesque (47 308 $), Fredette Aluminium (25 660 $), Plomberie Piché & Richard (23 781 $) et Ébénisterie Angers (20 000 $). Du côté des créanciers garantis, le syndic fait état d’une réclamation de 12 000 $ de la Banque Royale pour des véhicules et de 112 500 $ de la Caisse Desjardins de Saint-Hyacinthe. Or, le tableau aurait été plus sombre encore si l’entrepreneur n’avait pas remis les clés de l’immeuble inachevé à la Banque Royale. Celle-ci lui avait consenti une hypothèque de 1,8 M$ au printemps 2017. Le solde atteignait 1,5 M$ au moment du délaissement volontaire.

Une bonne douzaine d’hypothèques légales de sous-traitants pour des travaux impayés se sont aussi accumulées depuis l’été 2018. Selon le site Nominis.ca et les actes publiés au Registre foncier du Québec, les réclamations des sous-traitants totalisent environ 500 000 $. Plusieurs se retrouvent également parmi les créanciers non garantis.

Il reviendra au syndic Olivier Noiseux, de Raymond Chabot, de départager tout cela. Joint par LE COURRIER, il a dit s’attendre à ce que la Banque Royale procède à la vente de l’immeuble en construction lors d’une vente sous contrôle de justice. Ce processus est d’ailleurs en cours et il se terminera par l’ouverture des soumissions le 28 février. Le prix de départ a été fixé à 1 475 000 $. L’institution financière devra aussi s’entendre avec les sous-traitants pour faire radier toutes les hypothèques légales.

Les dirigeants des Entreprises Gilles Duquette, de Construction P. Roy et le promoteur Alain F. Dupuis n’ont pas donné suite à nos appels ou n’ont pas voulu commenter.

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