3 novembre 2022 - 07:00
Après 56 ans de service
Le restaurant Le Chalet a fermé ses portes
Par: Adaée Beaulieu
Luc Rainville a travaillé au restaurant Le Chalet pendant 46 ans. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Luc Rainville a travaillé au restaurant Le Chalet pendant 46 ans. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le restaurant Le Chalet est fermé depuis le 30 octobre. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le restaurant Le Chalet est fermé depuis le 30 octobre. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le restaurant Le Chalet, une institution maskoutaine de repas faits maison située sur le boulevard Laurier Ouest, a accueilli pour une dernière fois sa fidèle clientèle en grand nombre le 30 octobre.

Le propriétaire, Luc Rainville, vit un certain deuil, mais il se rappellera toujours le plaisir que ce travail lui a apporté. Il profitera de son temps libre pour se reposer et se pencher sur de nouveaux projets. Le bâtiment et le terrain qui étaient en vente depuis plusieurs années ont été acquis par Jean-François Riendeau qui le transformera en un magasin de planches à pagaie.

La transaction a été officialisée un vendredi il y a trois semaines après des démarches très rapides ayant seulement duré deux semaines. Les employés ont été avisés le dimanche suivant. Ils ont été un peu surpris, mais s’y attendaient tout de même, selon M. Rainville, car l’homme d’affaires de 67 ans leur avait dit que c’était en vente et qu’il fermerait au maximum à ses 70 ans.

Les clients, eux, l’ont appris dans les jours qui ont suivi et par l’entremise d’une publicité à la une du Clairon du 25 octobre. « Je trouve ça difficile parce que c’est comme une famille », affirme-t-il. Toutefois, celui qui travaillait plus de 60 heures par semaine et les jours fériés, soit environ 340 jours par année, est heureux de pouvoir souffler un peu. Il pourra d’ailleurs fêter un premier Noël sans devoir se coucher tôt.

Petite histoire

Le restaurant Le Chalet a vu le jour en 1961 sur la rue des Cascades. C’est le père de Luc Rainville qui l’a acheté en 1966. Toutefois, c’était le rêve de sa mère, Agnès Viens, de devenir serveuse et le meilleur moyen de le faire était d’acheter un restaurant. Aujourd’hui âgée de 88 ans, elle était encore très impliquée jusqu’à la fin à la cuisine. Le restaurant a ensuite déménagé en 1969 à l’endroit actuel quand Le Clairon a eu besoin du terrain. C’est carrément la bâtisse qui s’est promenée dans les rues de Saint-Hyacinthe, une procédure assez impressionnante.

Luc Rainville a commencé par travailler les fins de semaine alors qu’il étudiait à l’Université d’Ottawa pour devenir professeur. Toutefois, lors d’un stage, il a réalisé que ce n’était pas fait pour lui et a demandé à sa mère si elle cherchait toujours un employé à temps plein. De plus, avec l’élection au Québec du Parti québécois avec René Lévesque à sa tête en 1976, il ne se sentait plus à sa place à Ottawa. Il raconte d’ailleurs que lorsque René Lévesque travaillait au Clairon, il venait écrire ses articles au restaurant. Plusieurs autres personnalités y ont dégusté un bon repas au fil des ans comme Janine Sutto, Ginette Reno, Jacques Létourneau, Michel Tremblay et Gaétan Labrèche. La plupart étaient professeurs à l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, qui se trouve non loin du restaurant.

Pour en revenir à Luc Rainville, il a commencé officiellement comme serveur en 1977. Au début, il se faisait intimider par les hommes, car ils étaient surpris de ne pas se faire servir par une jeune fille. Bien qu’il remarque que les mentalités ont évolué en ce sens, l’étiquette et les bonnes manières se sont, pour leur part, perdues avec le temps, selon l’ancien propriétaire.

Le bâtiment a été agrandi en 1984 et il ne reste maintenant que les poutres d’origine. C’est aussi autour des années 1990 que le restaurant a été ouvert la nuit pendant une quinzaine d’années. Luc Rainville a acheté le restaurant en 2002 de sa mère. Au cours des 56 ans de service, quatre générations de familles maskoutaines ont été servies.

Projets à venir

Maintenant libéré de ses obligations, M. Rainville a tout laissé sauf ses recettes. Certains clients les lui ont demandées, mais il songe à développer une usine de crêpes. D’autres produits typiques du restaurant pourraient aussi s’ajouter à la production comme les confitures et les betteraves.

Celui qui a toujours été passionné de politique et qui s’est d’ailleurs présenté pour le Parti libéral du Canada en 2015 aimerait également faire une maîtrise en sciences politiques. Toutefois, cela attendra quelques mois, le temps qu’il reprenne des forces.

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