22 mai 2025 - 03:00
Entre 2018 et 2023
Le roulement des cadres a coûté près de 1,6 M$ au Cégep de Saint-Hyacinthe
Par: Sarah-Eve Charland
Le Cégep de Saint-Hyacinthe a déboursé 645 058 $ en indemnités de départ et 937 277 $ en services professionnels et en consultants, entre 2018 et 2023. Photothèque | Le Courrier ©
Le Cégep de Saint-Hyacinthe a déboursé 645 058 $ en indemnités de départ et 937 277 $ en services professionnels et en consultants, entre 2018 et 2023. Photothèque | Le Courrier ©
Le roulement de personnel important qu’a connu le Cégep de Saint-Hyacinthe entre 2018 et 2023 n’a pas été sans effet sur les finances de l’établissement collégial. Les indemnités de départ versées à des cadres ainsi que le recours à des ressources externes pour pallier les postes vacants ont entraîné des dépenses avoisinant 1,6 M$, a calculé LE COURRIER.

À elles seules, sept ententes visant à offrir des indemnités de départ à des cadres et à des hors cadres ayant quitté leurs fonctions au cours de cette période ont coûté 645 058 $ au Cégep de Saint-Hyacinthe.

Le rapport d’enquête commandé par le ministère de l’Enseignement supérieur révélait en octobre dernier que le Cégep avait versé sept indemnités de départ ou prime de séparation entre 2018 et 2023.

Cinq cadres, dont trois relevant directement du directeur général Emmanuel Montini, ainsi que deux directeurs aux études ont bénéficié de ces ententes financières. La plupart des bénéficiaires ont travaillé moins de deux ans au Cégep de Saint-Hyacinthe. Entre autres, une entente de réaffectation a été conclue pour un cadre, mais ce dernier est finalement parti moins de six mois plus tard.

Le Courrier de Saint-Hyacinthe a questionné les représentants du Cégep de Saint-Hyacinthe sur la manière dont ces ententes de départ ont été négociées. On nous a référé à la politique générale de gestion des cadres du Cégep de Saint-Hyacinthe sans préciser qui les avait négociées ou si toutes les ententes passées avaient été soumises et approuvées par le conseil d’administration ou le comité exécutif du collège.

Le rapport d’enquête du Ministère a notamment relevé que certains départs avaient été plus significatifs dans la désorganisation de départements, comme celui de la directrice des services éducatifs, Diane Dumas, mais aussi des départs de cadres que le directeur général avait lui-même engagés, dont les directeurs des études David Pilon et Michel Ste-Marie. Ces trois départs ont fait l’objet d’une indemnité de départ, confirme d’ailleurs le rapport du Ministère.

Entre 2018 et 2023, le taux de roulement des cadres a été plus élevé au Cégep de Saint-Hyacinthe que celui de la moyenne du réseau collégial québécois, selon l’analyse des auteurs du rapport.

Ce taux s’est d’ailleurs accéléré après le 1er juillet 2021. On souligne, entre autres, que les directions ont été désorganisées au fil du temps et que le Cégep a perdu une partie significative de sa mémoire corporative. Le taux de roulement chez les cadres a eu pour effet de complexifier des dossiers, de les ralentir ou de créer des surcharges de travail, souligne le rapport. Entre 2018 et 2023, on a recensé au moins 37 départs parmi les postes-cadres.

Afin de pallier l’absence de cadres, le collège maskoutain a octroyé une série de contrats de services professionnels et de consultants. De 2018 à 2023, le Cégep a déboursé 937 277 $ à cet effet, selon des données obtenues par LE COURRIER par l’entremise de la Loi sur l’accès aux documents d’organismes publics.

Dans les procès-verbaux du comité exécutif du Cégep de Saint-Hyacinthe, on apprend également que les cadres et les hors cadres peuvent recevoir une prime de 10 % de leur salaire lorsqu’ils remplacent un autre gestionnaire absent.

Lorsque le travail est réparti entre plusieurs gestionnaires, la prime est divisée proportionnellement. En cas de multiples remplacements, le maximum possible de prime pour un gestionnaire est de 10 %. Entre autres, le directeur général Emmanuel Montini, l’ex-directeur des ressources humaines Daniel Cormier et l’ex-directeur des affaires étudiantes et de l’international Benoit Lessard se sont partagé une prime pour avoir remplacé le directeur des études en 2022-2023, peut-on lire dans le rapport du Ministère. La prime du directeur général atteignait 10 % de son salaire, car il cumulait alors plusieurs postes de remplacement de novembre 2022 à mai 2023.

La firme de relations publiques embauchée par le Cégep de Saint-Hyacinthe pour gérer les suites de la sortie du rapport d’enquête du Ministère a fait savoir que « le conseil d’administration agit avec diligence et bienveillance afin de résoudre la situation actuelle et d’élaborer un plan d’action concret pour prévenir toute récurrence des enjeux de relations de travail observés avant 2023 ».

Des frais juridiques

Du côté des frais juridiques, l’année scolaire 2022-2023 a été la plus onéreuse des neuf dernières années au Cégep de Saint-Hyacinthe. Au cours de cette seule année, ils ont atteint 109 993 $, comparativement à 79 919 $ en 2021-2022.

En mai 2023, le Cégep de Saint-Hyacinthe a entre autres adressé une mise en demeure au Courrier de Saint-Hyacinthe pour empêcher la publication d’un dossier sur la gouvernance du Cégep, puis déposé, en vain, une demande d’injonction provisoire devant la Cour supérieure afin d’empêcher la publication du journal. Ces démarches lui ont coûté 28 431,06 $.

En juillet 2023, le comité exécutif a adopté une résolution pour faire cesser toute démarche juridique du Cégep à l’égard du journal et de ses journalistes, peut-on lire dans le rapport du Ministère. Toujours selon ce document, il a été convenu que le Cégep assumerait les frais juridiques de son directeur général s’il décidait d’entreprendre des recours en diffamation.

Le Cégep de Saint-Hyacinthe a fait savoir au COURRIER qu’il n’assumait maintenant plus les frais juridiques pouvant être engendrés par son directeur général, en nous mentionnant toutefois qu’il n’était pas en mesure de nous préciser depuis quand ni comment avait été prise cette décision.

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