13 avril 2023 - 07:00
Le second incendie de 1876
Par: Le Courrier
Incendie de 1876. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH478

Incendie de 1876. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH478

La ruelle du 3 septembre au centre-ville de Saint-Hyacinthe, perpendiculaire à l’avenue Saint-Denis, rappelle la date du terrible incendie de 1876 qui détruisit une très grande partie de la basse-ville. Plus de 600 résidences et 200 dépendances sont détruites.

Les pertes sont immenses. Elles sont évaluées à un million et demi de dollars, une somme colossale pour l’époque. Le marché, le bureau de poste, la banque de Saint-Hyacinthe, des industries, des commerces et plusieurs résidences de la rue Girouard disparaissent.

L’incendie est criminel. Un dénommé Magloire Blanchette, sellier, est jugé coupable d’avoir payé quelqu’un pour mettre le feu à son commerce dans le but de percevoir l’indemnisation de l’assurance.

Ce drame a évidemment marqué les esprits. Encore aujourd’hui, on parle du grand incendie de 1876. Ce qu’on ignore souvent, c’est que deux mois après la tragédie, une autre conflagration cause d’importants dommages au centre-ville.

Ce second incendie éclate le 3 novembre 1876, exactement deux mois après l’incendie dont il est question plus haut. Le tocsin résonne à neuf heures du matin. Une épaisse colonne de fumée s’élève dans les airs. On imagine l’effroi que dut ressentir la population, occupée depuis deux mois à reconstruire leur ville.

Le feu commence dans l’établissement de carrosserie de Larivière et frère. Le vent est très fort et contribue à la propagation rapide de l’incendie. Le feu s’attaque à une portion de la ville qui avait été épargnée le 3 septembre, c’est-à-dire la partie manufacturière. On craint de perdre des industries importantes, comme la manufacture de chaussures McMartin & Hamel, la forge d’Olivier Chalifoux et la manufacture de coffres-forts de F.-X. Bertrand qu’on parvient à sauver.

Un carré de maison complet est détruit. Il s’agit du carré formé par la rue des Cascades, l’avenue Saint-Joseph, la ruelle Saint-Dominique et la rivière. La seule maison de l’avenue Saint-Joseph épargnée par le feu de septembre, appartenant à une dame Labatte, ne résiste pas à ce second incendie.

Les pertes sont estimées à 50 000 $. Le journaliste du Courrier écrit : « Les espaces ravagés par le feu de septembre ont été un préservatif pour les maisons neuves qui se sont construites depuis deux mois. Beaucoup croient que si la ville n’eut pas brûlé à la fin de l’été, elle n’aurait pas pu échapper cette fois à l’élément destructeur. »

Tout comme lors du précédent incendie, l’aqueduc n’est pas parvenu à suffire à la tâche. Le manque de pression dans les boyaux ne permet même pas d’atteindre le sommet des maisons à un étage. Encore une fois, les professeurs et les élèves du Séminaire sont accourus rapidement sur les lieux et ont été d’un grand secours dans le combat contre l’incendie.

Le journaliste du Courrier termine son article par ce paragraphe très représentatif du style grandiloquent et religieux de l’époque : « Ce feu est une calamité bien grande. […] À l’approche de l’hiver, comme nous le sommes, les effets s’en feront encore plus vivement ressentir. La Providence est la maîtresse de nos destinées et c’est dans elle que nous devons déposer nos peines comme nos espérances dans l’avenir. »

Soulignons que la situation s’est améliorée à la suite de ce second incendie de l’année 1876. La Ville se décide à acheter une pompe à vapeur de qualité, des échelles et des boyaux supplémentaires. Fort des leçons de ce terrible automne, le conseil redresse et élargit plusieurs rues qui avaient causé problème, mais surtout, le 20 décembre 1876, on décide de réorganiser complètement le service des incendies de la Ville.

 

Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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