Celui qui a notamment été candidat sous la bannière du Parti conservateur dans la circonscription de Saint-Hyacinthe Bagot, lors de l’élection fédérale de 2011, aura résolument fait sa place dans l’enceinte du Salon rouge. Il a été au cœur de l’adoption de nombreux projets de loi et le témoin privilégié des activités sur la colline Parlementaire pendant plus d’une décennie. LE COURRIER s’est récemment entretenu avec le sénateur québécois pour revisiter sa carrière.

Sûreté du Québec

Avant de siéger comme sénateur, Jean-Guy Dagenais a consacré près de 40 ans à servir au sein du corps de police de la Sûreté du Québec, de 1972 à 2011.

M. Dagenais a aussi travaillé pendant plusieurs années au sein de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec à titre de délégué syndical. Il a par la suite été élu directeur régional de l’Association, puis vice-président aux finances, un rôle qu’il a occupé pendant deux mandats. À ce titre, il a notamment œuvré à la négociation d’un nouveau régime de retraite pour les policiers.

Saut en politique

Son saut politique commence en 2008 alors qu’il donne publiquement son appui à un projet de loi concernant les jeunes contrevenants proposé par le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, pendant la campagne électorale fédérale. Après sa réélection, le premier ministre l’invite à son bureau officiel pour le remercier de son appui et le sollicite pour qu’il devienne candidat conservateur au prochain scrutin.

Il est finalement nommé candidat conservateur dans la circonscription de Saint-Hyacinthe–Bagot pour l’élection fédérale de 2011.

« Le premier ministre m’avait offert le choix entre trois circonscriptions et j’ai finalement choisi celle de Saint- Hyacinthe. Je connaissais déjà bien le coin et je me reconnaissais un peu dans les gens du coin. Je n’avais jamais fait de politique. Je ne connaissais pratiquement rien à l’agriculture. Ç’a été un apprentissage rapide. J’ai adoré faire campagne parce que cela m’a permis de rencontrer les gens et de prendre le temps de les écouter. J’ai peut-être perdu l’élection, mais j’ai gagné de précieux amis. »

Plusieurs Maskoutains sont d’ailleurs devenus de proches collaborateurs du sénateur au fil du temps, dont Jean-Guy Brillon, Gilles Joyal, Christiane Goyette et Richard Desmarais.

Emporté par la vague orange, Jean-Guy Dagenais a terminé troisième au scrutin de 2011 avec 15,74 % des voix. Après ce revers, il annonce à sa conjointe qu’il souhaite prendre sa retraite. Cependant, à sa grande surprise, le bureau du premier ministre prend de nouveau contact avec lui afin de lui annoncer que son nom figure sur une courte liste de candidats pour être nommé au Sénat.

« J’étais à la fois surpris et honoré. Je crois que ça a bien cliqué entre moi et M. Harper. Il aimait bien mon style. Je crois que pour lui, je représentais bien le law & order. Mais comme beaucoup de Canadiens, je ne connaissais pas très bien le Sénat et son rôle », a-t-il souligné.

À la Chambre rouge

Jean-Guy Dagenais fait officiellement son entrée à la Chambre rouge le 17 janvier 2012. Dans ses bagages, il amène celui qui sera son bras droit durant les 13 prochaines années : Richard Desmarais. Figure bien connue des gens de Saint-Hyacinthe, M. Desmarais a notamment œuvré à titre de président et chef de la direction de Section Rouge Média ainsi que comme vice-président de la station de radio CFEI FM à Saint-Hyacinthe. Jean-Guy Dagenais avait d’ailleurs que de bons mots pour lui.

« C’est un excellent conseiller politique. C’est lui qui a écrit toutes mes interventions au Salon rouge. Il arrivait souvent que Mme Freeland [Chrystia Freeland] n’appréciait pas mes questions, mais ce n’était pas moi, c’était Richard! » raconte à la blague M. Dagenais.

« C’était mon plus proche complice. Nous avions une chimie extraordinaire. À un certain moment, M. Harper voulait même l’avoir à son bureau, mais il a vite compris qu’il n’était pas question que je me passe de lui », ajoute-t-il.

Le passage de Jean-Guy Dagenais au Sénat a été marqué par son engagement au sein de divers comités, notamment le Comité sénatorial de la sécurité nationale de la défense et des anciens combattants. Il a également été membre du comité des finances.

Fusillade au Parlement

Le sénateur était présent au Sénat en 2014 lors de la tragique fusillade sur la colline du Parlement, au cours de laquelle le caporal Nathan Cirillo a été tué.

« C’était un mercredi, jour du caucus conservateur national, et tous les membres étaient réunis dans la grande salle du Centre, en présence du premier ministre Harper. L’atmosphère a soudainement basculé lorsque des balles ont commencé à ricocher contre les murs. Je suis ancien policier – on a tiré à 13 reprises sur mon auto-patrouille en 1990 –, je connais le bruit des balles. Instinctivement, j’ai crié : “Couchez-vous, il y a des tireurs à l’extérieur!” Nous avons alors guidé M. Harper vers un garde-robe et bloqué les portes avec des chaises pour sécuriser la pièce. Lorsque les agents de la GRC sont arrivés, je leur ai exigé de me présenter une pièce d’identité avant d’ouvrir. Nous avons ensuite été confinés jusqu’à 20 h. C’est une expérience terrible que je n’oublierai jamais. Le premier ministre m’a toujours dit que j’avais fait du bon boulot cette journée-là. »

Projets de retraite?

Alors qu’il vient tout juste de souffler ses 75 bougies, M. Dagenais compte maintenant profiter d’une retraite pleinement méritée.

« J’aimerais continuer à travailler pour rester actif. Ma conjointe et moi aimons beaucoup voyager, mais pour l’instant, je profite d’une petite pause. Je devrais d’ailleurs passer à Saint-Hyacinthe cet été pour prendre un verre au Zibo! entre vieux collègues », conclut Jean-Guy Dagenais.