18 juillet 2019 - 14:24
La Ville et Exceldor devant la CPTAQ
Le suspense de l’été
Par: Martin Bourassa
Le meilleur suspense de l’été n’est pas présenté ces jours-ci sur les écrans de cinéma des Galeries. C’est à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qu’il se déroule présentement. C’est de là que viendra d’un jour à l’autre, sinon d’une semaine à l’autre, une décision qui risque d’avoir une incidence majeure sur le développement économique de la Ville de Saint-Hyacinthe.

Je ne voudrais pas être le ou la commissaire de la CPTAQ qui aura à décider du sort de la demande d’exclusion de la zone agricole de la terre de l’avenue Pinard à Saint-Hyacinthe où l’entreprise Exceldor souhaite relocaliser son usine vétuste de Saint-Damase. Car l’enjeu est de taille les amis. Au départ, la coopérative de Lévis parlait d’un investissement potentiel d’environ 200 M$ pour quelque 600 emplois.

C’était déjà considérable, pour ne pas dire énorme. Sauf qu’après avoir mordu la poussière une première fois devant la CPTAQ, qui a émis un avis préliminaire défavorable au dézonage demandé, la Ville de Saint-Hyacinthe et Exceldor ont sorti l’artillerie lourde lors d’une ultime tentative pour influencer favorablement la CPTAQ. Ainsi, le président-directeur général d’Exceldor, René Proulx, a mentionné qu’il fallait évaluer le projet dans son ensemble et qu’il venait en deux phases, sur 10 ans.

Ainsi, ce sont 400 M$ que compte investir Exceldor à Saint-Hyacinthe pour créer à terme pas moins de 1200 emplois. On passe d’énorme à monstrueux!

Comme argument de poids, en voilà tout un. D’autant plus que le patron d’Exceldor a fermé la porte à l’idée que ce projet pourrait se faire ailleurs à Saint-Hyacinthe, dans le parc Théo-Phénix, par exemple, où l’Union des producteurs agricoles (UPA) avait mis à jour devant la CPTAQ l’existence d’un espace de 38 hectares à développer près du parc Les Salines. Cela n’est sans doute pas étranger aux réticences de la CPTAQ.

Pour renverser la vapeur, la Ville et Exceldor ont bien joué leurs cartes. Il fallait s’attendre à ce qu’elles rejettent d’emblée l’option Théo-Phénix et c’est ce qu’elles ont fait tant bien que mal. Le directeur général de la Ville a parlé de la trop grande proximité du parc Les Salines et des investissements qu’il faudrait faire pour desservir ce secteur.

Mais quand il y a 400 M$ et 1200 emplois dans la balance, on voit mal comment la Ville pourrait hésiter à faire le nécessaire pour accommoder Exceldor. Et la proximité du parc Les Salines n’a jamais été soulevée au moment de l’implantation de la raffinerie Veolia.

Du côté d’Exceldor, on a écarté l’option suggérée par l’UPA en parlant de la biosécurité qui serait compromise à cet endroit vu les usines du voisinage. Disons que cet argument laisse mi-figue, mi-raisin puisque cette question se pose pas mal partout, dont présentement à Saint-Damase. Il en sera de même sur l’avenue Pinard.

L’ultime argument de René Proulx aura été de dire que ce projet se fera sur l’avenue Pinard et nulle part ailleurs à Saint-Hyacinthe, qu’il regardera plutôt ailleurs au Québec advenant un refus de la Commission. Est-ce du bluff de sa part?

Comme je l’ai dit, je n’aimerais pas être le ou la commissaire qui aura à trancher.

Bien entendu, Exceldor pourrait sans doute facilement trouver une municipalité disposée à l’accueillir et un grand terrain prêt à construire ailleurs. Mais c’est moins évident et sûrement plus coûteux de déménager l’usine de Saint-Damase ailleurs qu’à Saint-Hyacinthe. En s’implantant à quelques kilomètres de son usine actuelle, Exceldor s’assure dans une certaine mesure que la majorité de ses employés suivront.

Et comme la main-d’œuvre n’est pas facile à trouver, on s’imagine qu’elle ne souhaite pas recommencer à zéro ailleurs, tout en dédommageant financièrement tous les employés qu’elle devrait mettre à pied à Saint-Damase. C’est pourquoi l’option Théo-Phénix doit être l’option de rechange si jamais la CPTAQ demeurait sur sa position.

On l’a déjà dit et on le répète, la région de Saint-Hyacinthe ne doit pas être uniquement une région de production agricole. Il doit aussi s’y faire de l’abattage et de la transformation agroalimentaire avec de bons emplois rémunérés.

N’en déplaise à l’UPA, nous ne voulons pas que des odeurs et du lisier. Nous voulons et méritons de la valeur ajoutée. Et c’est ce que nous offre Exceldor.

Espérons que le suspense actuel ne se terminera pas en drame.

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