Essayez cela, si vous en avez le temps : trouvez un endroit bondé de monde en pleine frénésie de magasinage et arrêtez-vous au milieu d’eux, une minute ou deux, sans rien faire d’autre que les observer.
La première chose que vous constaterez, c’est que vous venez de gaspiller un temps précieux à regarder des gens dépenser le leur. C’est d’ailleurs le luxe des luxes que de perdre son temps quand tout le monde autour cherche à en gagner.
Surtout pendant le temps des Fêtes, où par manque de temps, on achète souvent des choses toutes faites pour sauver du temps. Mais pour cela, il a fallu consacrer beaucoup de temps à un travail pour obtenir en retour l’argent qu’il nous faut pour sauver du temps parce qu’on se dit que le temps, c’est de l’argent et que l’argent sert à nous payer du bon temps. Et quand on a besoin d’encore plus de temps, et que de toute façon nous n’aurons jamais assez ni de temps ni d’argent, on sort la carte de crédit et on vit sur du temps emprunté. De toute façon, les taux sont bas.
« Ouais monsieur! Mecque l’hypothèque soit payée pis avant ma dernière heure, là, je vais prendre le temps. » Le temps de le dire, le temps n’est déjà plus là, insaisissable.
Et comme notre dernière heure fait tic-tac quelque part, que notre temps est compté, nous croyons que le temps passe, que le temps nous presse. Alors qu’en réalité le temps n’est pas pressé parce qu’il sait bien que c’est nous qui ne faisons que passer.
Le temps est sans doute la chose la plus précieuse qui soit pour les mortels que nous sommes et pourtant, on n’en trouve que rarement, sinon jamais sur une liste de cadeaux.