À la séance publique de mardi, le conseil municipal a déposé et adopté un projet de règlement modifiant son Règlement d’urbanisme « afin d’interdire l’exercice de tout nouvel usage résidentiel, commercial et institutionnel sur toute propriété se trouvant en tout ou en partie dans le territoire affecté par le sulfure d’hydrogène, le tout, notamment, afin d’assurer la santé et la sécurité des personnes ». Une soirée d’information est prévue le 10 septembre. Elle précédera ainsi l’assemblée publique de consultation du 16 septembre.
En pratique et à l’interne, la Ville avait déjà mis le frein sur l’émission de permis de nouvelles constructions dans ce secteur, au point de s’attirer une poursuite judiciaire du Groupe Robin, mais en officialisant le tout par règlement, elle vient carrément d’appliquer le frein à main, même si les rénovations, les agrandissements et les reconstructions de bâtiments existants resteront possibles à certaines conditions. Et comme la fin des travaux d’agrandissement et de modernisation de l’usine d’épuration n’est pas pour demain, mais si tout va pour le mieux, à la fin de l’année 2027, l’impact s’annonce considérable.
Il n’y a plus d’ambiguïté possible sur l’urgence de la situation, même si cette décision extraordinaire ne règle absolument rien. Elle soulève au contraire un paquet de questions. Il est permis de se demander dans quelle mesure l’interdiction temporaire d’ajouts de logements, de commerces et d’institutions près de l’usine d’épuration allégera la situation.
Si on évite d’exposer de nouveaux propriétaires, locataires ou consommateurs aux mauvaises odeurs, on n’annonce rien de neuf sous le soleil pour diminuer la fréquence ou la durée des émanations. Une situation qui semble justement s’être aggravée au cours des dernières semaines, selon certains résidents du secteur. Preuve que l’heure est à ce point grave, la Ville de Saint-Hyacinthe a publié un communiqué de presse sur le sujet et le cabinet du maire André Beauregard nous a fait parvenir une lettre ouverte sur le sujet. Vous pouvez en prendre connaissance en parcourant notre page Forum.
Cette résolution confirme surtout le désespoir de la Ville, son manque de prévoyance, voire de vision, et son incapacité à trouver des solutions à son problème d’odeurs, elle qui annonce du même coup que son usine d’épuration construite dans les années 1980 fonctionne au maximum de sa capacité, « ce qui explique les odeurs parfois perceptibles ». En attendant que les travaux estimés à plus de 110 millions de dollars soient terminés, il est à se demander si l’interdiction temporaire d’ajouts de logements, de commerces et d’institutions n’aurait pas dû s’étendre à l’ensemble de la ville par souci d’équité?
Si seulement ceux qui résident autour de l’usine d’épuration en subissent les conséquences néfastes, il faut être conscient que c’est l’ensemble des bâtiments branchés aux infrastructures municipales à travers la ville qui contribue à surcharger l’usine et donc à pourrir l’existence des citoyens du secteur Bois-Joli.
Devant la situation actuelle et la limite atteinte à l’usine d’épuration, il sera délicat pour le maire Beauregard de brimer un secteur tout en continuant de couper des rubans d’inauguration, de procéder à des pelletées de terre ou de participer à des annonces de projets immobiliers d’envergure partout ailleurs d’ici à 2028.
Il est même permis de se projeter plus loin dans le temps et de se demander quel sera l’impact sur l’usine d’épuration modernisée une fois que tous les projets qui sont déjà annoncés ou sur la table à dessin seront concrétisés et pleinement opérationnels. Pensons entre autres aux projets portés par le Groupe Maurice, par les promoteurs de Biophilia, par les repreneurs de Groupe Sélection et par la poursuite du Domaine sur le vert, à l’émergence des projets de logements sociaux soutenus par l’Office municipal d’habitation et au nouveau développement près du concessionnaire Baril Ford. Sans parler des projets dont nous ignorons l’existence et de la nouvelle usine d’Exceldor.
N’en rajoutez plus, l’usine est pleine.