2 mars 2023 - 07:00
Le Zaricot, une salle unique depuis 20 ans
Par: Maxime Prévost Durand
À l’avant, les copropriétaires actuels du Zaricot, Jean-François Rivest, Audrey Hébert et Joëlle Turcotte. À l’arrière, le fondateur du Zaricot, William Guignier, et le responsable de la programmation, Sébastien Gagnon. Photo François Larivière | Le Courrier ©

À l’avant, les copropriétaires actuels du Zaricot, Jean-François Rivest, Audrey Hébert et Joëlle Turcotte. À l’arrière, le fondateur du Zaricot, William Guignier, et le responsable de la programmation, Sébastien Gagnon. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Deux décennies d’existence, ça se fête, surtout quand on est une salle de musique émergente du Québec. Pour célébrer ses 20 ans d’existence, Le Zaricot a préparé une série de spectacles hors-programmation en mai, laquelle regroupera des prestations de Louis-Jean Cormier, Daniel Bélanger, Les Sœurs Boulay, Émile Bilodeau, Bon Enfant et Violett Pi.

« L’idée, c’est de célébrer la vie et l’œuvre du Zaricot, qui a 20 ans maintenant », a lancé l’une des copropriétaires de la salle, Joëlle Turcotte, lors du dévoilement des festivités à la fin janvier.

Ce sera d’ailleurs la première fois que Le Zaricot accueillera Daniel Bélanger sur sa scène, après l’avoir souhaité pendant plusieurs années. L’annonce de sa venue a créé un tel engouement que le spectacle a affiché complet moins de cinq minutes après avoir été mis en vente. Le spectacle de Louis-Jean Cormier sera aussi présenté à guichets fermés.

« Pour la programmation du 20e anniversaire, on s’est demandé quels sont les artistes qui ont marqué l’émergence de la musique québécoise, a souligné le responsable de la programmation, Sébastien Gagnon. On a pensé à Louis-Jean Cormier et Les Sœurs Boulay, qui sont venus plusieurs fois au Zaricot dans leur carrière. On pense aussi à un p’tit gars comme Émile Bilodeau, qui venait ici au début [de sa carrière] alors qu’il n’y avait pas beaucoup de monde, qui est revenu souvent et qui fait maintenant des grandes salles et des festivals. Puis Bon Enfant, qui est un super groupe, c’est vraiment adapté au Zaricot parce que ses membres sont chacun passés plusieurs fois avec plein de projets différents. »

Une exposition retraçant les rendez-vous marquants du Zaricot ainsi qu’un documentaire sur ses 20 ans d’existence sont aussi en préparation et seront dévoilés en mai, a-t-il été annoncé.

« En 2003, les portes de ce lieu désormais mythique qu’est Le Zaricot s’ouvrent. Pratiquement bâti à 100 % par William Guignier et tout de bois de grange vêtu, ce lieu étrange et incomparable naît dans l’indifférence générale de Saint-Hyacinthe, indifférence qui s’est poursuivie jusqu’à… maintenant. Des planches, un stage et un micro ouvert, puis c’était parti. Chaque année, la renommée n’a fait qu’augmenter », a raconté Joëlle Turcotte, en évoquant l’histoire de la salle.

Forger son identité

Au fil des années, Le Zaricot a réussi à se démarquer par une personnalité qui lui est propre, un respect des artistes qui fait sa renommée et une atmosphère unique.

Ceux qui ont déjà assisté à un spectacle du Zaricot connaissent la ritournelle. « Au Zaricot, le silence est d’or et le blabla, c’est dehors! » Cette phrase, toute simple, on la doit au fondateur de la salle qui a tenu l’endroit à bout de bras pendant près de huit ans.

« L’esprit du Zaricot, c’est moi. Je ne supporte pas d’aller voir un spectacle quand les gens parlent, a souligné M. Guignier, présent pour le dévoilement des festivités du 20e anniversaire. Comme au départ Le Zaricot était un café acoustique, il fallait que les gens se taisent [pour qu’on entende]. Un jour, j’ai trouvé cette phrase et les clients habituels se sont mis à la répéter. Si vous voulez parler, ce n’est pas grave, on vous rembourse, mais vous sortez. Ici, on respecte les artistes et les gens qui sont venus écouter. Grâce à ça, le nom s’est fait tout doucement. Les artistes aiment venir ici. Lynda Lemay, par exemple, est venue ici deux fois. Elle n’a jamais fait d’autres petites salles que celle-là au Québec. »

Au fil des années, Le Zaricot a trouvé son créneau au sein de la musique émergente, s’ouvrant même à la scène rock.

« J’ai bien vu que je ne pourrais vivre seulement avec l’acoustique ici, ça ne fonctionnait pas, donc j’ai commencé à aller dans la musique rock québécoise de l’époque, avec Malajube, Karkwa, Vincent Vallières et Mononc’ Serge, s’est rappelé M. Guignier. On faisait plus de 100 spectacles par an. C’est devenu une salle mythique. »

« Au début, personne n’y croyait »

Pendant les premières années d’existence du Zaricot, William Guignier faisait cavalier seul et voguait même à contre-courant.

« Je n’ai pas été aidé par Saint-Hyacinthe au début, se désole-t-il toujours. Personne n’y croyait. Ça a été dur. On était loin de gagner de l’argent au début. On en a mangé des nouilles. Mais c’était la volonté de créer un lieu qui me ressemble, avec ce que j’aime trouver. »

En 2011, William Guignier a vendu Le Zaricot à Joëlle Turcotte et à Jo-Annie St-Amand, qui étaient alors ses employées. « Je le leur ai vendu parce que je savais qu’elles voulaient continuer ça. Je suis fier que ce soit toujours là. Même si la décoration a changé, les planches au mur sont toujours les mêmes et c’est moi qui les ai plantées une par une pendant des mois. »

Le fondateur de la salle montera d’ailleurs sur la scène lors d’une soirée, sans prétention, afin d’offrir une prestation comme il le faisait à l’époque où il en était le propriétaire.

« Je suis vraiment fier que mon bébé existe toujours, a affirmé William
Guignier. Si quelqu’un m’avait dit que ça existerait toujours 20 ans plus tard, j’aurais eu du mal à y croire, même si j’en avais envie. »

Et pourtant, Le Zaricot est bien en vie. Peut-être même plus que jamais.

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