Si les adultes se plaignent parfois de trouver la politique actuelle d’une platitude, les jeunes de troisième, quatrième et cinquième secondaire semblaient pour leur part bien fébriles quelques minutes avant la rencontre. Au cœur des échanges, la foule s’est effectivement montrée à la fois intéressée, réactive et même un brin turbulente, ce qui a au moins eu le mérite d’animer les discussions.
Contrairement au débat des chefs, l’environnement a occupé une place de choix dans cet exercice, au grand intérêt de la salle. La députée sortante Chantal Soucy, de la CAQ, a parlé d’exporter notre électricité propre à l’étranger, de supporter les centres de tri pour mieux valoriser les matières recyclables, de trouver des méthodes alternatives pour que les agriculteurs puissent utiliser moins de pesticides et d’aider les municipalités à moderniser leurs stations d’épuration. Quant à Daniel Breton, du Parti québécois, il croit aussi qu’il faut travailler avec les agriculteurs pour voir comment utiliser de moins en moins de pesticides et les compenser pour l’aménagement de bandes riveraines sur leurs terres. Il a aussi insisté sur l’importance de se réapproprier la centrale T.-D.-Bouchard (voir p. 13) « pour qu’elle profite à la collectivité et qu’on protège mieux la rivière ».
De son côté, Marijo Demers, de Québec solidaire, entend « renforcer le ministère de l’Environnement » pour pallier les coupes qui ont réduit le nombre de fonctionnaires comme des biologistes et d’autres scientifiques. Elle souhaite également interdire complètement les néonicotinoïdes, ces pesticides particulièrement néfastes pour les abeilles pollinisatrices et, elle aussi, reprendre le contrôle de la centrale T.-D.-Bouchard.
La libérale Annie Pelletier est revenue sur l’affirmation voulant que la Yamaska soit la rivière la plus polluée du Québec. « Je ne suis pas sûre de ça », a-t-elle commencé. Pour elle, il ne s’agit pas que d’une question maskoutaine puisque la rivière s’étend bien au-delà de notre territoire, jusqu’au lac Brome, a-t-elle appris aux élèves. Informant aussi que le fond de la rivière était en glaise, elle a averti qu’il ne fallait pas « rêver à une rivière bleue ».
Un autre point marquant de la rencontre a été la question de la gratuité scolaire, dont les réponses des candidats ont été vivement suivies par les jeunes. Chantal Soucy a parlé de limiter à l’inflation les droits de scolarité et les frais afférents. Parlant d’un « choix politique », Marijo Demers s’est imposée en se présentant comme une « carré rouge ». Elle mise sur « la gratuité du CPE au doctorat, là, maintenant, pas de manière progressive », a-t-elle affirmé pour se démarquer de la position de son collègue Daniel Breton, aussi convaincu des vertus de la gratuité scolaire à l’université, mais qui serait effective d’ici la fin d’un premier mandat péquiste.
Mme Soucy a défendu sa position en raillant Québec solidaire qui promettait « la gratuité de tout, alors que l’argent ne pousse pas dans les arbres ». « On est chiffré, on a des économistes qui ont travaillé sur la plateforme », a répliqué Mme Demers.
Annie Pelletier a choisi de lire une note de son parti qui semblait ouvrir la porte à la gratuité sur l’étendue de deux mandats. Elle a aussi affirmé qu’on « ne peut pas tout avoir gratuitement » et a défendu la pertinence du fonds des générations.
La question du salaire minimum à 15 $ de l’heure a suivi une logique semblable, alors que la caquiste a dit vouloir « éviter les chocs tarifaires » et donc y aller progressivement. Elle a averti qu’une telle hausse pourrait faire augmenter le prix de certains biens ou services. « Est-ce que la Terre a arrêté de tourner en Ontario? », a ironisé la candidate solidaire, en référence à l’augmentation à 15 $ de l’heure prévue par l’ancien gouvernement libéral [NDLR : il risque plutôt d’être gelé à 14 $ de l’heure par le nouveau gouvernement conservateur]. Daniel Breton a aussi dit oui au palier de 15 $ pour le salaire minimum, refusant toute comparaison avec l’Ontario.« Je ne veux pas me comparer à un mauvais modèle », a-t-il fait savoir, indiquant au passage qu’il faudrait compenser les agriculteurs pour la hausse des salaires de leur main-d’œuvre.
« Va acquérir ton expérience et ton salaire va monter », a pour sa part soutenu Annie Pelletier. « C’est un pensez-y bien », a-t-elle conclu à propos de la hausse du salaire minimum.