C’est l’Alliance canadienne agromarketing qui avait invité M. Chartier à partager son point de vue. Il a dressé un portrait de la situation sous forme d’historique commenté.
« Depuis une dizaine d’années, les démocraties vivent une tempête parfaite dans l’industrie médiatique en raison de l’arrivée des réseaux sociaux », a-t-il mentionné de prime abord.
Benoit Chartier a expliqué que ce sont particulièrement Google et Facebook qui font mal aux médias traditionnels. En 2023, ils ont engrangé un chiffre d’affaires de 10 M$ au pays.
« Le revenu publicitaire qui était attribué aux médias traditionnels a bifurqué vers les réseaux sociaux, donc les médias traditionnels à travers le Canada ont connu une forte chute de revenus qui ont engendré des mises à pied et des fermetures de médias. C’est tout le tissu médiatique qui a été frappé de plein fouet et la démocratie qui a été mise à mal », a-t-il affirmé.
M. Chartier a mentionné qu’un appel a donc été lancé aux gouvernements pour encadrer Google et Facebook, car le risque de désinformation était amplifié. C’est alors que la table a été mise pour ce qui est devenu la loi C-18. Celle-ci est inspirée de la loi australienne qui, en seulement deux ans d’application, a permis aux médias d’obtenir une compensation d’au moins 300 M$ par an des géants numériques.
Pour sa part, la loi C-18, adoptée le 23 juin par le Sénat canadien, demande des dédommagements rétroactifs au 1er janvier 2020. Une dizaine d’autres projets de loi sont sur la table un peu partout dans le monde pour emboîter le pas.
Contrairement à ce qui s’est passé en Australie, où la loi a été adoptée rapidement, Google et Facebook ne comptent pas s’y plier au Canada. C’est pourquoi les pages Facebook des médias canadiens ont été rapidement bloquées en guise de menace. Toutefois, si les géants ne se plient pas à la loi à compter de décembre, des millions de dollars d’amendes seront appliqués en guise de pénalités.
« Si je veux que vous reteniez une chose, c’est qu’une société sans médias en santé et solides, c’est une démocratie qui est vouée à disparaître », a conclu l’éditeur du Courrier de Saint-Hyacinthe.