Pour l’occasion, Mme Fawer a reçu un bouquet de fleurs et un calendrier 2024 illustré avec des photos prises sur place au fil des années. En feuilletant le document, l’éducatrice commentait chacune des photos. Elle se souvenait même du nom des enfants.
Malheureusement, il est difficile pour elle de reconnaître les enfants qu’elle a côtoyés lorsqu’ils deviennent des adultes et peu se souviennent d’elle. Ils sont plus de 1000 à avoir fréquenté cette garderie. « Mais c’est gratifiant quand je pense que j’ai pu faire une différence dans leur vie », a confié Judith Fawer.
Dans sa jeunesse, Mme Fawer, aujourd’hui âgée de 61 ans, ne pensait pas nécessairement faire ce métier. « J’ai choisi par pile ou face entre éducatrice et horticultrice », a-t-elle raconté avec humour.
C’est en mai 1983 qu’elle a obtenu son diplôme d’études collégiales comme éducatrice au Cégep de Saint-Jérôme, car le programme n’était pas encore offert à Saint-Hyacinthe. Pendant ses études, elle vivait en résidence, car elle était originaire de Saint-Liboire.
Une fois ses études terminées, elle a appris qu’une nouvelle garderie allait voir le jour à Saint-Hyacinthe. À cette époque, les centres de la petite enfance (CPE) n’existaient pas, car ils ont seulement été créés par Pauline Marois en 1997. Elle a finalement passé une entrevue en juillet dans un endroit inusité : un laboratoire de pathologie de la Faculté de médecine vétérinaire puisque la garderie allait se trouver dans un immeuble à logements à proximité. Elle a été engagée, puis les employées ont commencé à travailler graduellement, jusqu’à ce que ce soit son tour en février.
« J’ai fait tous les métiers ici sauf la comptabilité. Il y a aussi eu des rénovations en 2004. J’ai peinturé, fait de la tapisserie et même installé du gazon », a-t-elle raconté.
Judith Fawer a aussi porté à de nombreuses reprises le costume de la mascotte Alakazoum, qui ressemble au personnage de l’émission Passe-Partout.
« Elle a vraiment le CPE Alakazoum tatoué sur le cœur », a affirmé la directrice adjointe de l’installation, Mélanie Bouchard. Mme Fawer était d’ailleurs présente lors de son embauche. « Oui, c’est vraiment ma maison », a acquiescé l’éducatrice. Ses deux garçons ont également fréquenté le CPE.
Des changements au fil des années
À l’époque où Judith Fawer a commencé à travailler, la garderie accueillait 40 enfants plutôt qu’une soixantaine actuellement. Ils étaient âgés de 2 à 5 ans puisqu’il n’y avait pas encore de pouponnière.
Jusqu’aux rénovations en 2004, les règles étaient aussi beaucoup moins strictes, notamment en ce qui concerne le risque de danger des jouets. En 2004, le gros bateau avec un pont pour y accéder a dû être retiré, car le sol n’était pas assez solide, ainsi que le poteau de pompiers à l’intérieur. « Nous tenions les enfants à bout de bras pour qu’ils glissent dessus », s’est souvenue Mme Fawer, qui a été bien triste de perdre le bateau.
Elle remarque aussi que les enfants ont changé, eux qui sont influencés par le rythme de vie effréné de leurs parents. Mais ce qui n’a pas changé en quarante ans, c’est la façon de leur faire découvrir des choses. « Si on revient à l’essentiel, qui est d’émerveiller les enfants, rien n’a changé. »