29 juillet 2021 - 07:00
L’Église catholique et le décès des jeunes amérindiens
Par: Le Courrier
Les Sœurs de Saint-Joseph font partie des communautés religieuses qui ont œuvré dans les pensionnats autochtones où l’on a découvert des centaines de tombes anonymes dans les derniers mois. Photo Société historique de Saint-Boniface – SHSB28846

Les Sœurs de Saint-Joseph font partie des communautés religieuses qui ont œuvré dans les pensionnats autochtones où l’on a découvert des centaines de tombes anonymes dans les derniers mois. Photo Société historique de Saint-Boniface – SHSB28846


Actuellement, nous assistons à des dérapages d’analyse et de comportements à partir des découvertes des enfants autochtones dans les cimetières datant depuis la fin du 19e et le début du 20e siècle. On vandalise des monuments et des églises dans l’ouest du pays. Certaines églises sont même brûlées. Faut-il blâmer les religieuses et les religieux qui ont travaillé dans les pensionnats à cette époque? De quoi sont décédés ces enfants? Ont-ils été mis dans une fosse commune?

Rappelons que le gouvernement de l’époque s’est donné une politique pour assimiler les peuples autochtones et sa stratégie était l’élimination culturelle, spirituelle et linguistique qui passait, entre autres, par le développement de pensionnats. Le premier ministre de l’époque en 1887, sir John A. Macdonald, avait déclaré : « L’objectif central de notre loi a été d’en finir avec le système tribal et d’assimiler totalement les Indiens au reste de la population du Dominion aussi rapidement qu’ils peuvent changer. »

Avec le ministère des Affaires indiennes, presque tous les aspects de la vie des peuples autochtones étaient régis par le gouvernement comme l’éducation et la culture. C’est dans ce cadre que le gouvernement a établi des partenariats avec les diverses Églises au Canada pour diriger les écoles autochtones. Des religieux et religieuses ont répondu à l’appel avec le désir de vouloir servir des communautés autochtones dans le besoin. L’histoire révèle qu’ils intervenaient régulièrement pour protéger et promouvoir les intérêts des autochtones auprès du gouvernement.

Malgré son projet politique de « civiliser » les peuples autochtones, le gouvernement voulait le faire avec peu d’investissements financiers. Les ressources financières ont diminué de façon drastique laissant ainsi aux responsables et intervenants dans les écoles et pensionnats la responsabilité d’assumer les coûts comme ceux de la nourriture. Les conséquences furent dramatiques! Avec le manque de nourriture qui affaiblissait le système immunitaire et les dortoirs surpeuplés, plusieurs devenaient malades, ce qui permettait à des maladies d’évoluer et de se répandre. Pensons à la grippe espagnole de 1918.

Il y a eu par conséquent des décès et le gouvernement fédéral a refusé de payer pour le transport des corps d’enfants décédés vers leur localité d’origine. Se peut-il alors que ces enfants furent enterrés dignement? Si nous trouvons des terrains vagues, c’est peut-être tout simplement parce que les croix de bois sont disparues avec le temps, les tempêtes et les changements de saison. Si on plantait une croix de bois dans notre jardin, serait-elle encore là 100 ans plus tard? Nous ne pouvons pas déclarer que ce sont des fosses communes.

Duncan Campbell Scott, fonctionnaire de carrière, a dirigé le système de pensionnats pour la période de 1913 à 1932. Impliqué dans les Affaires indiennes pendant toute sa carrière, il avait déclaré en 1920 : « Je veux me débarrasser du problème indien. En fait, je ne crois pas que ce pays se doit de continuer à protéger une classe de gens qui sont incapables d’être autonomes… Notre but est de continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui ne soit assimilé à notre société, qu’il n’y ait plus de question indienne ni de ministère des Indiens. »

Avant d’accuser et de juger sans vérification, nous devons plutôt remercier ces femmes et ces hommes qui sont intervenus, avec peu de moyens et de ressources, pour améliorer les conditions de vie de ces enfants dans un contexte d’une politique fédérale d’extermination. L’Église catholique n’est pas responsable du décès des jeunes amérindiens comme le soutien Justin Trudeau. Il est pourtant bien placé pour se faire bien informer et conseiller. Nous pouvons nous demander pourquoi fait-il cela? Quelles sont ses intentions?

Si ce drame m’attriste, je ne me considère aucunement responsable de cette tragédie qui relève d’acteurs d’une autre époque. Justin Trudeau ne l’est pas non plus. Toutefois, nous avons la responsabilité de reconnaître les faits historiques et d’en faire une analyse en rapport avec le contexte social, économique et culturel de l’époque. Le défi majeur est celui de la réconciliation et de chercher à tourner la page sur un pan de notre histoire où les droits de la personne et des peuples autochtones furent violés.

Jean-Paul St-Amand, Saint-Hyacinthe

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