Vendredi matin, des citoyens ont pu constater que le clocher ouest vacillait sous la force des vents. Il a finalement cédé vers 10 h 30 : l’extrémité du clocher, la flèche, est tombée dans la rue Saint-François; quant à sa base, elle est restée accrochée au toit. Les pompiers de Saint-Pie sont rapidement intervenus pour établir un important périmètre de sécurité autour de l’église de peur que des débris tombent sur des passants ou que le second clocher ne subisse le même sort.
« On a eu peu de choses à faire à part contenir la curiosité des piétons qui voulaient s’approcher trop près », raconte Sylvain Daigneault, directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Pie, au sujet de l’intervention de son équipe vendredi. Des résidences voisines ont aussi été évacuées au cas où le deuxième clocher, contenant les cloches de l’église, tomberait à son tour. Il a finalement tenu bon et des grutiers ont retiré les débris qui étaient restés sur le toit de l’église le lendemain. Même si l’opération s’est déroulée rondement, l’église doit maintenant demeurer fermée jusqu’à ce que des travaux soient réalisés sur la structure du toit, affaiblie par le poids du clocher. Sans avoir d’échéancier précis, cela devrait prendre quelques mois avant que la situation soit corrigée.
Des rumeurs
De nombreuses rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux pour expliquer le bris de ce clocher, dont celle voulant qu’il penchait déjà depuis un certain temps. Information démentie par différents intervenants dans ce dossier. « Rien n’indique que le clocher était fragilisé », confirme M. Daigneault. La présidente de la fabrique, Madeleine Ravenelle, précise de son côté que des réparations ont eu lieu dans les semaines précédentes pour mettre fin à une infiltration d’eau dans le toit, mais que les deux clochers n’étaient pas affectés et qu’ils étaient toujours très solides. « Des photos de morceaux de clocher nous montrent que le bois à l’intérieur était de qualité : ce n’était pas du bois pourri qui menaçait de céder », soutient celle qui n’hésite pas à parler de « tragédie » pour décrire ce qui s’est passé vendredi.
Une autre rumeur laissait aussi croire que l’autre clocher allait être démoli par mesure de sécurité, chose qui n’est toujours pas confirmée à ce stade-ci. Cette décision reviendra aux experts chargés d’examiner l’état de l’église après la tempête.
Concert annulé
Quelques heures après les événements, Mme Ravenelle, aussi l’organisatrice des concerts-bénéfices tenus annuellement à l’église de Saint-Pie pour aider à financer son entretien, assurait que les dommages à l’église n’auraient pas d’incidence sur la tenue du spectacle du ténor Marc Hervieux prévu le 30 novembre. C’était avant que des inspecteurs n’ordonnent la fermeture complète de l’église jusqu’à ce que des travaux soient réalisés : le poids du clocher arraché a affaibli des poutres sous le toit, rendant l’endroit non sécuritaire. « Personne n’a le droit d’entrer dans l’église pour une durée indéterminée », se désole Mme Ravenelle, qui a dû se résigner à annuler le concert pour lequel elle avait déjà vendu 500 billets.
Ce n’est toutefois que partie remise pour Marc Hervieux : Mme Ravenelle a convenu avec son équipe de gérance de revenir à Saint-Pie le 28 novembre 2020. « Il a été très compréhensif. Quand il a vu ce qui était arrivé à notre église dans les journaux, il a compris qu’il ne pourrait pas y chanter le 30 novembre comme prévu », explique la présidente de la fabrique qui tenait à ne pas déplacer le concert dans une salle plus petite et à l’acoustique qui ne rendrait pas justice à sa voix. Elle précise que les billets déjà achetés seront encore valides pour le concert de l’année prochaine, mais que ceux qui le désirent peuvent obtenir un remboursement en l’appelant au 450 772-2641.
De l’aveu de Madeleine Ravenelle, le report d’un an de ce concert tombe très mal pour l’église qui a plus que jamais besoin de fonds. Les coffres de la fabrique sont loin d’être pleins et les réparations à venir risquent de coûter très cher. « On ne connaît pas encore les coûts exacts, mais les dommages sont plus importants que prévu. Ceux qui souhaitent contribuer à la réparation de ce joyau historique peuvent faire des dons directement à la fabrique. » Il est encore trop tôt pour dire où les fidèles saint-piens pourront prier au cours des prochains mois.
Des clochers de 109 ans
La chute d’un des clochers de l’église de Saint-Pie en a surpris plus d’un, d’autant plus qu’il était en place depuis plus de 100 ans, ayant résisté aux pires conditions jusqu’à ce jour. Luc Cordeau, directeur général du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, a précisé au COURRIER que les charpentes des deux clochers ont été finalisées le 24 août 1910, soit il y a 109 ans, en même temps que les travaux d’agrandissement de l’église qui a pris l’allure qu’on lui connaît maintenant. À l’époque, l’installation d’une cloche dans chaque clocher avait été considérée avant d’être abandonnée : c’est pourquoi le clocher qui a cédé vendredi n’en contenait pas.