20 mars 2014 - 00:00
Usine Veolia
L’Environnement insatisfait des correctifs
Par: Jean-Luc Lorry
Une grue a été installée sur le terrain de l'usine de recyclage des huiles usées de Saint-Hyacinthe pour faciliter l'entretien annuel des équipements.

Une grue a été installée sur le terrain de l'usine de recyclage des huiles usées de Saint-Hyacinthe pour faciliter l'entretien annuel des équipements.

Une grue a été installée sur le terrain de l'usine de recyclage des huiles usées de Saint-Hyacinthe pour faciliter l'entretien annuel des équipements.

Une grue a été installée sur le terrain de l'usine de recyclage des huiles usées de Saint-Hyacinthe pour faciliter l'entretien annuel des équipements.

Les correctifs mis en place par le géant Veolia sur le site de son usine de recyclage des huiles usées de Saint-Hyacinthe, en vue d'éliminer des odeurs incommodantes ne répondent pas aux exigences du ministère de l'Environnement, a appris LE COURRIER.

À la suite d’inspections effectuées sur le terrain de l’usine située dans le parc industriel Théo-Phénix, le Ministère a adressé à Veolia Canada des avis de non-conformité datés du 20 janvier et du 14 février.

En novembre, des plaintes avaient été déposées à la Ville de Saint-Hyacinthe en raison d’odeurs d’hydrocarbures qui émanaient de l’usine maskoutaine. Le ministère de l’Environnement avait alors procédé à une inspection des lieux.Selon l’entreprise, celles-ci provenaient des évents de réservoirs de produits asphaltiques. Une soufflerie fut alors installée pour aspirer ces émanations et les diriger vers un oxydateur thermique, un équipement permettant le traitement des huiles usées. Rappelons que l’usine Veolia transforme les huiles usées en quatre hydrocarbures distincts : essence, gazole, huiles de base régénérées et asphalte.Malgré les aménagements effectués par l’entreprise, les odeurs sont encore perceptibles.« Nous avons vérifié et le réservoir n’émet plus d’odeurs. Le seul endroit où il peut y en avoir encore ce serait au niveau des camions », croit Pierre Trudel, porte-parole de Veolia Canada.Au Ministère, on juge insuffisantes les solutions apportées par la direction de Veolia Canada pour corriger le tir. « Les travaux correctifs qui ont été réalisés ne permettent pas de répondre aux exigences. Nous avons demandé une caractérisation des émissions atmosphériques », a indiqué en entrevue au COURRIER, Daniel Savoie, directeur général adjoint responsable de la Montérégie au ministère de l’Environnement.Depuis le 12 mars, les opérations de l’usine sont arrêtées pour permettre des travaux d’entretien annuel des équipements. « C’est une mise à niveau planifiée après 12 mois d’opérations. Nous avons des bris régulièrement à l’usine en raison du froid cet hiver et parce que nos installations sont récentes », explique le relationniste de Veolia. Ces travaux devraient durer une quinzaine de jours.

Mutisme du ministre

Même si le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet s’est engagé à plusieurs reprises à nous donner sa perception du dossier Veolia, c’est finalement le Ministère qui a pris le micro pour répondre à nos questions.

Nous avions demandé à M. Blanchet pourquoi le projet d’implanter une raffinerie (défini comme tel par le président de Veolia Canada) à Saint-Hyacinthe n’avait pas été soumis à la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement.« Le projet ne correspond pas à la définition d’une raffinerie ou d’une usine pétrochimique (…) Le règlement ne définit pas les termes raffinerie ou usine pétrochimique. On réfère dans ce cas à celle du grand dictionnaire terminologique de l’Office de la langue française du Québec », répond par écrit le Ministère.Dans cet ouvrage, le mot raffinerie ne concerne que l’industrie pétrolière et le mot pétrochimie s’applique uniquement aux hydrocarbures obtenus soit à partir de pétrole ou de gaz naturel.Le COURRIER avait aussi questionné M. Blanchet sur le règlement de son Ministère qui précise que l’utilisation de matières toxiques résiduelles (huiles usées) à des fins énergétiques doit faire l’objet d’une évaluation environnementale. « Les huiles usées ne sont pas des matières dangereuses selon l’article 3 du Règlement sur les matières dangereuses (RMD). Elles sont plutôt une matière assimilée à une matière dangereuse selon l’article 4 (huile minérale) du RMD c’est-à-dire qui ne possèdent pas nécessairement une propriété de danger d’une matière dangereuse (article 3), mais celles-ci sont reconnues comme dommageables pour l’environnement. Ainsi, les huiles usées sont considérées dangereuses, mais pas comme étant toxiques aux fins de l’application du RMD », nous a répondu le ministère de l’Environnement.

image