Ils étaient donc autour d’une quarantaine à réclamer davantage d’actions et de leadership de la part de leur municipalité en matière d’environnement. Des jeunes ayant participé le 15 mars à la marche pour le climat à Saint-Hyacinthe ont même déroulé une bannière dans la salle afin d’exposer qu’il y a « urgence d’agir ».
La récente décision de la municipalité de ne pas signer la déclaration d’urgence climatique est revenue à plusieurs reprises dans les interventions formulées ce soir-là. Avant même que les citoyens ne prennent la parole, le maire Claude Corbeil a maintenu cette position en reprenant essentiellement la même formule que le mois dernier. « La Ville ne doit pas signer systématiquement chaque manifeste ou déclaration à ce sujet. Nous avons choisi de mener d’abord une réflexion locale et de développer un plan d’action en concertation avec notre communauté », a-t-il exprimé en parlant du plan de développement durable actuellement en élaboration.
M. Corbeil a donc invité les personnes présentes à participer à la consultation publique sur ce plan, qui aura lieu le 15 mai. « Je salue votre présence ici ce soir et, au nom du conseil, vous lance un message d’ouverture. […] Ce n’est pas tout à fait la tribune idéale pour échanger [sur le fond] de la question », a-t-il toutefois signifié en parlant de la séance publique du conseil.
Les citoyens en ont long à dire
L’exercice a finalement donné lieu à plusieurs tentatives citoyennes pour convaincre le conseil d’apposer sa signature à cette déclaration, sans succès. Éloïse Johnson, présidente de l’Association des étudiants en médecine vétérinaire du Québec, a par exemple demandé en quoi la signature de la déclaration serait « incohérente » avec la conception du plan de développement durable. « Quels sont les désavantages pour la Ville à signer cette déclaration alors que vous dépensez énormément d’énergie à justifier votre refus plutôt qu’à simplement emboîter le pas à plus de 200 municipalités », a-t-elle soulevé.
Sonia Chénier, coordonnatrice de Québec solidaire dans Saint-Hyacinthe, a tenté de faire valoir un argument plutôt économique, arguant que « tout délai pour agir fait augmenter la facture » à payer par les municipalités pour s’adapter aux changements climatiques. Le montant pourrait s’élever à 4 G$ pour les cinq prochaines années d’après une étude commandée par l’Union québécoise des municipalités du Québec, a rapporté la citoyenne. Saint-Hyacinthe aurait donc « tout intérêt à faire bloc avec les autres municipalités afin de faire pression sur les paliers de gouvernement pour obtenir du financement », a-t-elle avancé. Encore plus pragmatique, Marc Bisaillon a usé de logique en plaidant qu’il ne s’agissait que d’un « simple bout de papier » et que « ça ne vous coûte rien de le signer ».
Devant ces arguments, le maire Corbeil a tenu à préciser que le conseil est « très préoccupé et très sensible à l’environnement ». À propos de la déclaration d’urgence climatique, « ce n’est pas parce qu’on ne la signe pas aujourd’hui qu’on ne la signera pas demain », a-t-il soutenu. « Oui, il y a une urgence, a-t-il quand même reconnu, mais de signer le papier, pour nous, ce n’est pas la priorité », a-t-il statué. « Qu’est-ce qui justifie ce délai? », s’est demandé Éloïse Johnson. « On veut définir les enjeux très précis pour notre communauté et on veut vous entendre le 15 mai », a répondu le maire.
Appels à l’ambition et au leadership
Antoine Gatien a quant à lui appelé le conseil à voir la lutte aux changements climatiques « comme un tremplin » pour Saint-Hyacinthe au lieu d’une « tâche qu’on peut repousser à plus tard ». Il a par exemple proposé d’investir pour rendre la ville plus attrayante au lieu d’offrir des congés de taxes . « On a essayé l’étalement urbain, on sait ce que ça donne : des rues bruyantes, polluées, et des gens dépendants de leurs automobiles. […] Où est l’ambition, où est la vision globale pour changer les choses? », a-t-il conclu. Une intervention saluée par le maire Corbeil et le conseiller David Bousquet, qui ont remercié le jeune citoyen pour l’intérêt qu’il porte aux affaires municipales et à l’environnement.
Dans la même veine, la citoyenne Marijo Demers a voulu inciter les élus à faire preuve de leadership et « d’embarquer dans le train » de la lutte aux changements climatiques. « Pourquoi cet attentisme? Pourquoi cette attitude de prudence extrême quand les temps ne le commandent tellement pas », s’est-elle questionnée.